Aristote
 
 
 

action
Ni les actes ni les idées ni les larmes n'expriment presque rien d'intéressant chez l'homme. L'homme ne se reflète bien que dans ses métaphores. Ce n'est pas une douteuse intelligence qui rend Platon intéressant, mais exclusivement ses métaphores - les mythes. « La maîtrise de métaphores est, de loin, la chose la plus sublime, la seule, qui ne s'enseigne pas »*** - Aristote.
idée,intelligence,métaphore,souffrance

action
Les philosophes se divisent en trois familles, en fonction du milieu, dont ils se nourrissent : le langage - pour raisonner, le modèle - pour représenter, la réalité - pour s'entendre avec la vie. Ce qui les distingue, c'est le contenu de l'acte : pour les premiers, il est référence verbale, pour les deuxièmes - accès à l'objet référencé, pour les troisièmes - attachement de sens à l'objet. « Il faut une sémiotique à trois termes : signifiant, signifié, référent » - Ricœur - ce qui correspond au triangle sémiotique aristotélicien - les mots, les concepts, les choses.
cœur,concept,idée,interprétation,langue,philosophie,réalité,représentation

action
Fausse piste : « transformer la vie en destin » (d'Aristote à Sartre) - la conception nous étant incompréhensible, préférer l'algorithme aux rythmes est bête.
étoile,filtre,inconnu,musique,raison,vie

action
Préférer l'Agir au Faire, l'action à la production, la résolution de contraintes à l'avance vers le but, la liberté des buts à la liberté des moyens. Aristote : « Seul le mouvement, dans lequel le but est immanent, est l'action-praxis ». L'action-poïésis serait le mouvement animé par le rêve, cette contrainte transcendante, un telos intérieur au-dessus du skopos extérieur (cette action vers l'extérieur - Tat nach außen - Nietzsche) ; le malheur est que, au-delà du rêve défait, sévit le bilan, l'action-prohairésis, qui te laissera, le plus souvent, non pas avec une paix d'âme, mais avec une honte.
angoisse,contrainte,création,honte,liberté,rêve

action
La liberté n'explique ni n'introduit rien dans nos rapports avec le mal. Le mal est inhérent à toute action ; l'homme le plus vertueux en commet autant qu'un robot, une hyène ou un mouton. C'est comme ces deux personnages de Valéry, l'un calculant tout et l'autre tirant ses choix au hasard - et arrivant au même résultat. Ne prouvent la liberté que des sacrifices ou fidélités irrationnels : « Agir de façon parfaitement rationnelle, ce n'est pas agir librement »** - Aristote. Et c'est encore Valéry qui parle de bassesse rationnelle et de hauteur irrationnelle.
hauteur,hommes,jeu,liberté,mal,mouton,sacrifice,souffrance

action
L'artiste dit, à l'opposé d'Aristote, que la forme est une puissance libre et génératrice, dont la matière n'est qu'un acte passif et servile.
art,création,force,liberté,matière,style

action
L'homme de contemplation (Platon) ou l'homme d'action (Aristote) ne sont que de mécaniques projections de l'homme de création : le musée ou l'usine, pâles reflets de la vie.
création,regard,robot,vie

action
La volonté de puissance (ou plutôt le désir de force) ne concerne ni les muscles ni, encore moins, la flèche décochée, mais exclusivement, la corde, sa tension, l'intensité entre elle, mes doigts et mon regard (c'est la dynamique aristotélicienne face à son énergie). Mais les hommes n'en retinrent que la force de frappe et la cible frappée. L'homme vaut par « les flèches, sans cible, de sa raison »** - Tennyson - « the viewless arrows of his thoughts ».
élan,flèche,force,hommes,intensité,regard,valoir

action
La maxime réinvente l'homme, la narration tient à l'événement : « La fable n'imite pas les hommes, mais une action » - Aristote. La vie, malheureusement, se range, de plus en plus, du côté de l'événement plutôt que du côté de l'homme. Le bavardage gestionnaire évincera toute musique intemporelle.
art,hommes,maxime,musique,vie

action
On maîtrise la solution, on comprend le problème, on vénère le mystère - le bon sens consiste à ne pas se tromper de verbe, dans cette hiérarchie. « Pour comprendre un problème, il vaut mieux se libérer du désir d'en avoir la solution »** - Bhagavad-Gîtâ - le désir a partout sa place, il est dans la volonté de franchir les frontières entre ces trois espaces intellectuels, plus que dans le séjour dans l'un d'eux. « Ne sont désirables que les activités, qui ne recherchent rien en dehors de leur pur exercice » - Aristote - par exemple, l'art du retour du fruit à la fleur.
ange,élan,liberté,mystère

action
On peut voir dans l'action le déclenchement d'un événement (conclusion d'un syllogisme pratique aristotélicien), ce qui introduira la dimension temporelle (contrairement aux syllogismes théoriques), l'événement exigeant un temps x pour être pris en compte, et conduira à l'existence de deux univers de faits, aux moments t0 et t0 + x. Même cette pseudo-logique justifie le malaise entre les prémisses morales et les conclusions factuelles. Mieux on raisonne, plus nettement monte de l'action (devant la conscience) - le mal.
axe,bien,conscience,mal,système,temps

action
Rien de noble ne se confirme par la révolte ou l'action ; la résignation et le sacrifice en sont beaucoup plus proches - les trois frères Karamazov en sont une jolie illustration. Le sacrifice entretient une illusion personnelle, et l'action maintient une illusion collective ; l'action peut être noble avant son déclenchement, jamais - après, ce que ne comprend pas Aristote : « On devient juste, en agissant d'une manière juste, et courageux - en agissant courageusement ».
acquiescement,audace,rêve,révolte,sacrifice

action
La volupté est la volonté de ne pas agir, les yeux ouverts, mais de rougir ou rugir, les yeux fermés. La volonté en puissance est un thème à creuser, puisqu'on sait que : « la volonté d'agir écrase la pensée »** - Heidegger - « Der Wille zum Handeln überrolt das Denken » - il faut donc choisir entre volonté en tant que corde tendue ou en tant que flèche décochée, ou, comme dirait Aristote, entre la volupté en puissance et la volonté en acte.
caresse,défaite,flèche,force,honte,intensité

action
Curieux chiasme diachronique des termes dynamique et énergie : aujourd'hui, le premier s'associe au réel (cadres dynamiques), et le second – au potentiel (énergie dormante ou accumulée), tandis que chez Aristote, ce fut l'inverse : le premier était en puissance, et le second – en acte.
force,modernité,mot,négation,réalité,temps

action
Le culte de l'avant-dernier pas a des noms malheureusement compromis : avant-décision - hypo-crisie, ou avant-jugement - pré-jugé (l'exemple célèbre est donné par la mort, qui, aux yeux de Dieu, n'est qu'un pré-jugé, Vor-Urteil - Nietzsche). Il ressemble au désir d'Aristote ou Spinoza - vision des fins dépourvue de moyens - mais je l'associe plutôt au repérage de contraintes. Cette recherche débouche souvent sur un autre nom compromis : la scolastique - la noble oisiveté.
auteur,contrainte,dieu,élan,goût,immobilité,interprétation,justice,mort,vie

action
La nature de tes contraintes me renseigne mieux sur ta proximité avec le bien, que l'application laborieuse de règles fussent-elles dictées par les principes en bronze. L'impératif catégorique est une misérable caricature, à côté de l'impératif hypothétique, noble et humble. On est bon par ce qu'on s'interdit de faire et non pas par ce qu'on fait. Aristote, Thomas d'Aquin et Kant nous diront, que les contraintes ne sont que des accidents et ne font pas partie de l'essence des actes, et la question est réglée – on sait comment gagner une bonne conscience.
angoisse,bien,conscience,contrainte,être,noblesse

action
Le bonheur, c’est la création, inspirée par l’âme, sans accord, ni préalable ni postérieur, de la raison. Le bonheur, promis par Aristote : « Le bonheur, c’est l’activité de l’âme, conforme à la raison ». - est insipide, bien que certain, puisqu’il n’y a plus d’âmes.
âme,bonheur,création,modernité,raison

action
Mon soi inconnu n'a ni langage ni visage ni ouvrage ; c'est mon soi connu qui accède aux vocabulaires, aux qualités, aux outils ; ces deux soi sont incommensurables, et Aristote : « Ce que tu es en puissance, ton œuvre le montre en acte » - a tort. Le soi inconnu est l'énergie potentielle, et le soi connu – le dynamisme réel.
balance,création,inconnu,langue,réalité,soi,voix

action
L'utilité du savoir philosophique, admirée par Aristote : les astres soufflèrent à Thalès le présage d'une bonne récolte d'olives ; le bougre investit en pressoirs et, à l'automne, amasse une coquette somme d'argent. Aujourd'hui, porteurs de complets, les philosophes-savants envient les toges et se moquent des chlamydes. Platon, lui, ne retient des trajectoires de Thalès que sa chute dans un puits, à force de ne pas quitter des yeux les astres.
argent,étoile,misère,modernité,philosophie,regard,utilité

action
Dans volonté de puissance, on pourrait prendre puissance au sens aristotélicien, comme complément d’acte. Je n'existe que dans l'acte, je ne suis qu'en puissance. « L'existence est à l'essence, comme l'acte est à la puissance » - Thomas d'Aquin - « Essentiam actualem ab existentia, tamquam realem potentiam ab actu ». La compétence préférée à la performance.
être,force,maîtrise,savoir

action
La sagesse, selon Aristote, est dans l’habitude et non dans l’acte. Mais qu'est-ce que l'aphoristique ? - une écriture, qui tente d'éviter l'habitude, pour devenir acte pur, sagesse immaculée, conception sans pénétration. Le soi inconnu se devine dans la continuité inexplicable de l'être, mais se traduit dans les césures évidentes du faire. Dans le langage monotone et disert d'une loi et dans la logique événementielle de rupture de son application.
continuité,être,inconnu,interprétation,maxime,philosophie,raison,soi

action
Dans l'opposition entre la tension de la corde et les flèches touchant leur cible, entre la maîtrise et l'accomplissement, entre potentia et actus (entre la dynamique et l'énergie aristotéliciennes, entre la potentialité et l'actualité kantiennes ou heideggériennes), je me range résolument du côté opposé au Stagirite et aux phénoménologues, pour le recueillement de l'âme, contre l'extraversion de l'esprit. Tout ce que l'esprit perçoit dans le contact avec les choses, l'âme le conçoit dans l'isolement et dans la solitude.
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aristote
Ce qui est le meilleur n'a pas besoin d'action, étant à soi-même sa propre fin.
action
C'est la définition même de la maxime : être là non pas pour être mesuré, mais servant d'unité de mesure. Le meilleur échappe aux définitions, ces véritables actions de l'esprit, et Kant vouait la haute philosophie ad melius esse et non pas ad esse, comme la mathématique, cette profonde ontologie du monde. L'élégance d'une monstration aphoristique ou d'une démonstration mathématique rendent le mesurage superflu ou bien pâle.
balance,contrainte,être,hauteur,maxime,philosophie,science

aristote
La tragédie est la représentation d'une action noble.
action
Comment concilier cette ineptie creuse, pourtant faisant appel aux quatre notions centrales de mes notules ? Je définis celles-ci comme : - la tragédie est l’affaissement fatal de nos rêves - la représentation est la modélisation pré-langagière de notre savoir et servant de fondement à l’interprétation des discours - l’action est une tentative, vouée à l’échec, de traduire le sens mystérieux du Bien - la noblesse est le regard de la verticalité créative, opposé aux yeux contemplatifs, ne scrutant que l’horizontalité.
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aristote
La pensée est analytique ; la vie et l'action sont synthétiques.
action
L'analytique devint le seul contenu de tout ce qui, jadis, ne fut qu'organique. Cette néfaste orientation rendit la vie et l'action, en Occident, presque exclusivement analytiques, et la pensée indolore s'écarta de la vie palpitante, déchirante ou mutilante, pour se fondre avec l'action militante, mécanique. Et la synthèse robotique ne sauvera pas une vie, séparée du rêve : le pathétique est au-dessus et de l'analytique et du synthétique.
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amour
L'amour de Platon, l'amour d'Aristote, l'amour du Christ (tendresse, volupté, sacrifice/fidélité - agapé, éros, philia), trois révoltes contre nature, qui, pourtant, constituent l'homme.
artificiel,christianisme,hommes,sacrifice

amour
Aimer, c'est la caresse d'une jouissance irréelle ; être aimé, c'est la caresse de l'amour-propre bien réel ; l'amour partagé, c'est la rencontre du songe et du réveil. « Aimer, c'est jouir, tandis que ce n'est pas jouir que d'être aimé » - Aristote.
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amour
On n'arrive à associer l'idée d'immortalité ni au corps, ni à l'âme, ni à la conscience ; ce qui s'en rapproche le plus, c'est la caresse que je voue à un visage, à un souvenir, à ce qui m'avait muni de regard, aux mains de ma mère, bref à l'absurdité insondable d'un aveugle amour, qui ne dure qu'un moment : « L'immortalité : un instant, pour le génie, une longue vie – pour les médiocres » - Prichvine - « Для гениальных бессмертие - в мгновении, а для обыкновенных - в долготе жизни ». L'immortelle caresse, au-dessus de l'immortalité d'une conscience selon Pythagore, ou Socrate, d'une pensée selon Aristote, d'une foi selon le Christ, d'une création selon l'Artiste.
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amour
La foi et l'amour, ces supports palpables de nos espérances, quittent les cœurs avilis des hommes. L'espérance, c'est l'appel et l'attrait des chimères, et ce qui la remplace, dans nos cœurs, est le calcul, qui est l'appât du visible. « L'espérance est ce rêve, qui tient en éveil ton âme »** (Aristote), apothéose d'une âme vaincue : « L'espérance est la plus grande victoire, que l'homme puisse remporter sur son âme » - Bernanos, et même son agonie : « Se déshonore quiconque meurt escorté des espoirs, qui l'ont fait vivre »*** - Cioran.
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amour
Si je devais interpréter âme selon Aristote, passion selon Descartes, désir (conatus) selon Spinoza, rire selon Kant, esprit selon Hegel, liberté selon Sartre, amour selon Barthes, je me réfugierais plutôt dans l'impassible, le décervelé, le servile et le végétal.
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amour
Aimer, selon des calculateurs (Aristote ou Thomas d'Aquin), serait souhaiter du bien à l'aimé ; mais aimer, c'est se trouver au-delà du bien, du beau, du vrai et même de son soi connu : « Qui aime se trouve au-delà de soi » - H.Broch - « Wer liebt ist jenseits seiner Grenze ». Pouvoir se passer du vrai, pour savoir et même pour être : « Tant de choses tu sais de l'être que tu aimes, sans les tenir pour vraies »** - Canetti - « Sehr vieles weiß man von den Menschen, die man liebt, und hält es doch nicht für wahr ».
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amour
L'amour réveille les superlatifs : « Aimer, c'est une espèce d'action, visant la volupté ; être aimé ne mène à aucune action, être aimé est une forme de supériorité » - Aristote - de supériorité sur ses semblables, tandis qu'aimer, c'est la supériorité de la source de tout Bien, de mon soi inconnu, sur mon soi connu.
action,bien,inconnu,soi

amour
D'Aristote à Leibniz, en passant par Plotin et Spinoza, cette ineptie : le but de la philosophie serait de nous apprendre ce qu'il faut aimer. Celui qui sait, qu'on ne peut aimer que ce qu'on ne connaît pas, s'en rit. L'amour est une espèce mystérieuse du Bien inexplicable ; et la philosophie, cette protectrice des mystères, devrait nous apprendre à nous contenter d'un fol amour, autrement dit – à nous consoler. Non pas à ouvrir, mais à fermer nos yeux.
bien,consolation,folie,inconnu,mystère,philosophie,savoir

art
Vu d'en bas, la poésie, c'est l'imposture d'une perspective sans mouvements latéraux et d'une hauteur dédaignant le volume. Semblable à la lecture de l'Histoire, à l'horizontale d'une destinée individuelle. En tout cas, « la poésie est plus haute que l'Histoire, car la première peint le général, tandis que la seconde narre le particulier » - Aristote. Mais ce qui compte, c'est que la poésie brille par la qualité de la peinture et non pas par la généralité ; et l'Histoire est fade à cause du genre narratif lui-même et non pas à cause des particularismes.
discursif,élite,hauteur,histoire,musique,poésie,pose,universel

art
Tous les pré-socratiques furent des poètes, l'hexamètre et non pas le syllogisme est leur élément naturel. Platon commença à injecter de la prose discursive dans l'écrit rhapsodique, qui aurait dû rester essentiellement poétique, pour faire parler nos sens, et le fastidieux Aristote acheva cette chute vers un verbalisme insipide du bon sens.
antiquité,continuité,discursif,ennui,philosophie,poésie

art
Deux conflits polissent une œuvre : entre le fond et la forme et entre la forme et la matière. Quand on comprend, que le premier se réduit au second, on a des chances de devenir artiste. Non seulement « la matière aspire à la forme » - Aristote, mais la forme appelle et déconstruit le fond (Gestalttheorie).
élan,matière,style

art
« L'universalité et l'éternité se manifestent le mieux dans la poésie » - qui l'a dit ? - un rimailleur en manque de lecteurs ? - non, le plus fort cerveau de tous les temps, paraît-il (« le maître de ceux qui savent » - Dante - « il maestro di color che sanno », ce que d'autres contestent : « le pire des sophistes, exécrable jouet des mots » - F.Bacon - « pessimus sophista, verborum vile ludibrium ») - Aristote ! Mais dès que le poète penche pour la preuve, au détriment de la musique, il devient aussi borné et impermanent que l'historien.
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art
Depuis Aristote et F.Bacon, on répète cette aberration, que l'art, c'est l'homme complétant ou imitant la nature. Dieu créa des algorithmes, auxquels, miraculeusement, obéit la nature ; l'homme crée des rythmes, qu'apprécie ce qu'il y de plus artificiel - notre âme. L'art est dans l'invention de sources et non dans le puisement de confluences divines. Le naturalisme, comme prolongement de l'art, est de l'imitation, où je me ridiculiserais, devant le Créateur inimitable.
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art
L'unité aristotélicienne dans l'art : vénérer le début incompréhensible, rêver la fin imprévisible, vibrer entre les deux. Et tout le reste est maculature.
amour,balance,commencement,contrainte,inconnu,ordre,rêve

art
Platon, en reprenant les poèmes de Pythagore et Parménide, les dilue avec de l'ennuyeux bourrage abductif, mais en préserve le fond poétique ; la sobriété critique d'Aristote et Kant prouva, quelle profondeur conceptuelle on peut tirer de la hauteur métaphorique ; enfin, vint Heidegger, poète-philosophe, dont le récitatif de l'oubli de l'être n'est que le lamento de l'oubli de la métaphore.
être,idée,métaphore,philosophie,poésie

art
Tout se réduit au nombre : le fond et la forme, l'intelligible et le sensible, ce qui doit être dit et ce qui doit rester indicible, la science et l'art : « L'art est interprète de l'indicible » - Goethe - « Kunst ist eine Vermittlerin des Unaussprechlichen » - comme la science est interprète de l'intelligible pour le rendre lisible. « L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible »* - Aristote.
inconnu,mot,science,style

art
Aujourd'hui, Aristote nous expose surtout des évidences, Platon - surtout des banalités, mais Homère est une éternelle découverte et un étonnement sans fin. La philosophie sans poésie va tout droit aux archives.
antiquité,intelligence,philosophie,platitude,poésie

art
La création scientifique produit des vérités et des lumières ; la création artistique – de la musique et des ombres. La prétention des philosophes de relever de la première catégorie (d'Aristote à Heidegger) est intenable ; la philosophie ne peut être que de l’art poétique.
création,musique,ombre,philosophie,poésie,science,vérité

art
Trois genres de maîtrise sont nécessaires, pour écrire un livre : l’harmonie du tout, la mélodie des thèmes, le rythme des parties élémentaires. Les unités aristotéliciennes sont anti-musicales.
maîtrise,musique

art
La métaphore règne aussi bien en poésie qu'en prose et en philosophie ; elle s'attaque, respectivement, au langage, à la représentation ou à la réalité. Les plus connues des métaphores de la réalité : Dieu (pour tous les angoissés), l'Être (de Parménide à Heidegger), l'Idée (Platon), les catégories (Aristote), la perfection (de Spinoza à Valéry), la pensée (Descartes), la chose en soi (Kant), la volonté (Schopenhauer), l'intensité (Nietzsche).
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art
De Sophocle à Corneille, en passant par Shakespeare, la tragédie suivait la recette aristotélicienne – se traduire par l’action et non pas par le récit. Seul Tchékhov dépassa – en hauteur ! - cette vision bien primitive, l’illusion d’une profondeur événementielle ; il devina (inconsciemment !) la grande tragédie dans l’impermanence, la vulnérabilité ou l’extinction des plus beaux états d’âme, de ceux d’un amoureux, d’un artiste, d’un rêveur – bref, non pas d’un acteur mais d’un spectateur. Il faudrait peut-être ne pas oublier L.Sterne : « La plus délicieuse de nos jouissances s’achèvera dans la terreur »* - « The loveliest of our pleasures ends with a shudder ».
action,âme,amour,création,discursif,hauteur,rêve,tragédie

art
Puisque je me moque de l’action, suis plutôt indifférent au lieu et vise l’atemporalité, l’unité de la dramaturgie aristotélicienne ne m’est d’aucune utilité ; ma seule unité est celle du souffle. De mes ruines, je reconstitue tantôt une scène, tantôt des gradins, tantôt des coulisses.
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art
Le goût de la perfection est un état d’esprit impossible, seule la réalité étant parfaite. Cioran, bêtement, le voyait chez Valéry, en y reconnaissant même un désastre (mais pourquoi ne salues-tu pas le désastre, que les vaincus inscrivent dans leurs bréviaires ?). Dans l’art, ce qui est le proche de la perfection du réel, c’est la musique. Et effectivement, tout goût, indifférent à la musique, mène au journalisme, au présentisme, à la routine. Que la perfection, c'est la réalité, fut connu et de Spinoza (« perfectio est gradus realitatis »), et de Nietzsche (« die Welt ist vollkommen ») et des sages orientaux de l'immanence (le bon chrétien, lui, place la perfection dans la transcendance, que Nietzsche appelle surhomme). Et la nature parfaite d'Aristote est un pléonasme. Musil : « une vie parfaite rendrait l'art inutile » - « das vollkommene Leben wäre das Ende der Kunst » - se trompe également.
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art
Les mécaniques unités aristotéliciennes préparaient déjà l’art des robots ; la seule unité, dont je puisse me targuer, est la hauteur, de laquelle j’observe les états de mon âme. Atemporel, atopique, passif.
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art
L’art ne s’adresse qu’à ceux qui ont une âme ; il consiste à peindre des rencontres uniques, jamais produites par le passé, entre des concepts, grâce à un nouvel angle de vues sur eux. La vue de cette rencontre, ce trope, le contraire du hasard, provoque une émotion dans les âmes, qui disposent de facettes autres que la réfléchissante ou la calculante (ce fut le cas malheureux d'Aristote). La métaphore est un triomphe du talent sur le hasard.
âme,concept,jeu,métaphore,sentiment,temps

bien
L'action, dans la sphère du Bien, est comme l'observateur, dans un microcosme, - elle perturbe la bonne mesure. Une fois débarrassé de cette gangue, on pourra dire, que « de toutes les choses, la plus exacte mesure est le Bien » - Aristote.
action,balance

bien
La fonction primordiale de la comédie et de la tragédie est d'entretenir en nous l'ironie et la pitié, ces deux meilleurs sentiments humains ; j'ai bien peur, que la tragédie soit morte, puisque la pitié a définitivement tari dans les cœurs des hommes ; pourtant c'est la pitié qui apporterait à nos passions - la purification (catharsis) - Aristote, elle serait même « le premier sentiment relatif qui touche le cœur humain » - Rousseau.
ange,cœur,hommes,ironie,mort,pitié,tragédie

bien
Le Bien est dans le mystère, et tout mal vient de sa profanation par un problème ou de sa trahison par une solution. Le Bien est donc dans l'infini, et le mal - dans des tentatives de le réduire au fini ; Aristote dit exactement le contraire.
inconnu,mal,mystère,négation

bien
Le mal accompagne le faire non pas parce qu'on se trompe ou se laisse dévoyer, mais parce le mal est déjà dans le fâcheux écart qu'on constate toujours entre sentiment et acte (l'acrasie aristotélicienne ou dostoïevskienne, l'impossible maîtrise du soi irrationnel, inconnu), mais aussi parce que l'onde, provoquée par l'acte et propagée par la fatalité, mutile nécessairement quelque être ou quelque sentiment sans défense.
absurde,action,inconnu,mal,sentiment,soi,souffrance

bien
L'humanisme, c'est la découverte du Bien et du Mal – Rousseau, Nietzsche, Tolstoï – la morale. Aristote, Platon, Jésus, Spinoza ne parlent que du bon et du mauvais – l'éthique.
humanisme,mal

bien
Si les sophistes et Nietzsche effacent la frontière entre le Bien et le mal (die Grenze zwischen Gut und Böse verwischt sich), cela ne veut pas dire, que la vie en soit entachée au même point, mais que, au royaume des actes, cette frontière est impossible à tracer ; mais devant la conscience et devant les mots, cette frontière est chaque fois recréée et redessinée avec netteté, par la sensibilité ou par le talent. Platon et Aristote nous ennuient avec leurs valeurs ou prix fixes, tandis que ce sont des vecteurs à variables (des arbres ! ) qui décrivent mieux le monde.
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bien
La seule manifestation indéniable de la liberté éthique est la sortie de la prudence, au sens aristotélicien du mot. Sortie de la poursuite inertielle de ses intérêts, celle-ci se situant hors toute éthique. Aristote a raison de placer cette notion capitale parmi les cinq principes : art, science, prudence, sagesse, intelligence – l’ordre descendant y est également très juste !
art,continuité,intelligence,liberté,science,système

bien
Le Beau et le Vrai t’appartiennent ; tu es libre d’en faire usage. Mais le Bien reste un cadeau de Dieu, qui ne peut pas quitter ton cœur, sans être, inévitablement, souillé par une présence du Mal. « Pour faire le bien, il faut d’abord le posséder » - Aristote. Tous le possèdent, tous tentent de le faire, mais peu s’aperçoivent, que la condition humaine mêlera à la pureté du cœur – l’imperfection du fait dévoyé. Pour aimer le Bien, il faut reconnaître qu’on n’en est pas le maître.
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bien
Chez les philosophes, rien d’intéressant ne fut jamais écrit sur la nature divine du Bien, qu’il soit idéel (Platon) ou souverain (Aristote) ; ils parlent de justice, de bonhomie, d’utilité, de bonheur, ces tentatives louables de ne pas être un salaud, mais qui n’ont rien à voir avec l’appel, ardent mais inarticulable, du Bien, qui ne peut jamais quitter son unique demeure, le cœur (et ceci est proprement divin), et se traduire en actes.
action,bassesse,bonheur,cœur,dieu,élan,inconnu,justice,philosophie,utilité

bien
Aristote ne connaît pas la différence entre un arbre et un graphe ; la notion d’implexe ne lui vient pas à l’esprit, sinon il ne parlerait pas de l’impossibilité d’associer au concept du Bien, plusieurs ancêtres – substance (intelligence), qualité (vertu), quantité (équilibre), relation (utilité).
arbre,concept,être,intelligence,utilité

aristote
Le but du poète est de nous guérir de la pitié, source de tous les maux.
bien
Cette manie de paraître fort, que tu partages avec Nietzsche, vous vient du mauvais culte de la tragédie ; la pureté ou l'intensité seraient incompatibles avec la faiblesse ; heureusement, le christianisme reste le dernier à prôner la compassion pour le vaincu. Les cœurs en bronze, hélas, évincèrent les cœurs brisés.
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aristote
Terreur et pitié sont des passions de l'âme, que purifie la tragédie.
bien
Que reste-t-il dans l'âme, après cette lustration ? - une auto-suffisance (sibi sufficientia) comique ou une morgue mélodramatique. En faisant de la crainte et de la compassion le fond de l'âme, le christianisme préféra à la purge - une catharsis.
âme,ange,audace,christianisme,pitié,tragédie

cité
Le meilleur compagnon du prince, aujourd'hui, est le journaliste. Et dire qu'on vit Anaxagore admiré par Périclès, Aristote et Pyrrhon auprès d'Alexandre le Grand, Sénèque écouté par Néron, Boèce toléré par Théodoric, Thomas d'Aquin invité par Saint Louis, Pic de la Mirandole avec son mécène Laurent le Magnifique, Érasme auprès de Charles-Quint et de Vinci auprès de François 1er, Th.More apprécié de Henry VIII, Michel-Ange recherché par Jules II, F.Bacon par Elizabeth, Leibniz par Pierre le Grand, Voltaire par le Grand Frédéric, Diderot par la Grande Catherine et même Malraux par de Gaulle, ou tout au moins Guitton par Mitterrand. Je prédis, que les prochains princes seront journalistes, eux-mêmes. « Qualis grex, talus rex ».
antiquité,moyen âge,modernité,philosophie,platitude

cité
La loi écrite est vraie, son application - bonne, pourtant aucune grande voix ne la rend belle. C'est à croire qu'Aristote ne plaisantait pas : « La philosophie est la défense contre la loi écrite ». Elle ne se vouerait qu'à l'inconnu, et Strabon avait de bonnes raisons pour dire : « La géographie est affaire de philosophe », car, à l'époque, et la médecine et la géométrie y auraient également eu leur place.
beauté,bien,doute,ironie,justice,lutte,philosophie,science,vérité

cité
La fraternité n'est possible qu'entre égaux ; l'infâme inégalité trouve des apologistes jusque chez les barbus antiques : « Si les biens étaient à tous, la noble générosité n'aurait plus sa place » - Aristote – la noblesse du don ne cache pas la bassesse du fond.
antiquité,argent,bassesse,égalité,fraternité,noblesse

cité
Tant que l'homme imitait le loup, l'âne, le mouton, la chouette ou le rossignol, on pouvait le traiter d'animal politique (Aristote), mais mué en robot, dans une société où ce n'est plus la politique mais l'économie qui règne, il devint matière première presque minérale, sans réflexes, sans instincts, mais maîtrisant à fond son rôle dans un algorithme mécanique.
argent,hommes,matière,mouton,robot,vie

cité
L'animal politique, le fabricant d'outils - quand je lis ces pénétrantes définitions de l'homme, faites par Aristote et Franklin, j'y reconnais tout de suite le mouton et le robot modernes.
hommes,mouton,robot

cité
Jules César se voulait historien, Néron – acteur, Marc-Aurèle – moraliste. Leurs homologues modernes se voient et se comportent en gérants d’entreprises lucratives. Aristote, Platon, Sénèque, Boèce, leonard et même Malraux ou R.Debray furent amis du Prince. Aujourd’hui, c’est le journaliste qui a la faveur des Chefs gestionnaires. Et si ceux-ci avaient raison, l’art étant mort ?…
antiquité,argent,art,modernité,mort

doute
Ce qu'on connaît est presque sans importance pour la qualité de notre écriture ; c'est dans la docte ignorance que se manifestent le mieux nos frissons et nos recherches : « Qui questionne et s'étonne a le sentiment de l'ignorance »** - Aristote. Elle accompagne l'étonnement jusqu'à sa chute dans une certitude passagère. La docte ignorance est l'aboutissement glorieux de la science (où elle s'appellera savoir indocte) et le début lamentable de la philosophie (où elle s'appellera fidélité à la nature).
art,commencement,défaite,élite,étonnement,intensité,nature,philosophie,question,savoir,…

doute
La vertu, en pleine lumière, ne peut être que petite vertu, comme le péché, commis dans l'obscurité, n'est que petit péché. « Le péché n'est pas dans la ténèbre, mais dans le refus de la lumière » - Tsvétaeva - « Грех не в темноте, а в нежелании света ». Le vice s'appuie sur la nette raison, la vertu cherche sa raison dans le vague à l'âme : « Les vertus ont leur siège dans la partie irrationnelle de l'âme »* - Aristote.
âme,justice,mal,ombre,raison,révolte

doute
C'est le lieu et la nature de ce qui est rigoureux et de ce qui est flou, dans les concepts et dans le discours, qui prédétermine la stature d'un philosophe  : le flou poétique des concepts et le flou poétique du discours (les pré-socratiques, Nietzsche), la rigueur prosaïque des concepts et la rigueur prosaïque du discours (Aristote, Kant), le flou poétique des concepts et la rigueur prosaïque du discours (Hegel, Schopenhauer), la rigueur poétique des concepts et le flou poétique du discours (Valéry). C'est la dernière combinaison qui est la plus heureuse.
idée,mot,philosophie,poésie,représentation

doute
La fonction première de la philosophie est de me donner des raisons de m'étonner ; une fois l'étonnement solidement installé, je peux l'appliquer à la vérité, à la musique ou au rêve ; l'étonnement est l'instrument, et moi - compositeur, interprète ou auditeur. Depuis Platon et Aristote, beaucoup pensent, que « la vraie attitude philosophique est étonnement devant le monde »** - Merleau-Ponty.
auteur,étonnement,musique,philosophie,rêve

doute
Le problème se formule dans la profondeur, la solution s'applique sur la face de la terre, le mystère se lit dans la hauteur ; et la clarté, c'est ne pas perdre contact avec la terre ; mais pour « être clair, sans être bas » (Aristote), il faut que le problème continue à apporter du poids et le mystère - des ailes.
bassesse,hauteur,mystère,platitude

doute
Les soi-disant systèmes philosophiques sont des leurres, créés par des commentateurs ; les édifices des fragmentaires (Héraclite, Platon, Pascal, Nietzsche, Valéry) ne sont pas moins bien membrés que ceux des globalisants (Aristote, Spinoza, Hegel, Sartre) ; je dirais même que la part des balbutiements et des tâtonnements est plus importante chez les seconds, tandis que la qualité des métaphores est nettement supérieure chez les premiers.
continuité,élite,maxime,métaphore,système

doute
L'âme serait créée avant le corps (Platon) et aurait pour siège le cerveau ; l'âme ardente serait dans le cœur (Aristote), pour équilibrer le froid cerveau ; l'âme serait à la couture entre le cerveau et le corps (Descartes), dans une glande pinéale ; la théorie du transfert des soupçonneux nous la ferait croiser jusque dans le bas-ventre. Où qu'on loge le regard, ce n'est pas aux yeux d'en dicter la hauteur.
âme,cœur,raison,regard,système

doute
Le rêve est un chant, né de l’attirance de mon âme pour l’inaccessible ; ce qui est accessible à mes sens constitue la réalité. La représentation du rêve s’appelle l’art ; la représentation de la réalité s’appelle le savoir, dont le contenu le plus rigoureux s’appelle la science. Dans tous les cas, la représentation relève entièrement de l’intelligible et non pas du sensible comme le pensent Aristote et Kant : « Un jeu aveugle des représentations, c’est-à-dire moins qu’un rêve » - « Ein blindes Spiel der Vorstellungen, d. h. weniger als ein Traum ».
âme,art,danse,inconnu,réalité,représentation,rêve,savoir,science

doute
Une évidence : le mystère de notre origine et de notre finalité restera à jamais voilé ; nous n’avons aucune clé rationnelle, aucun sésame n’y prêtera main forte ; toute tentative de le rationaliser est de la superstition ou du charlatanisme. Mais on constate, hélas, qu’ils sont peu, ceux qui persistent à ne pas connaître l’inconnaissable, comme diraient Platon ou Aristote.
commencement,hommes,mystère,savoir

doute
Le contraire du doute s’appelle proclamation des valeurs absolues. Je colle à celles-ci l’étiquette d’Universaux, terme médiéval, dont le sens originel est sans intérêt. Ces Universaux sont connus depuis Aristote et sont bien sondés par Kant – le Bien, Le Beau, le Vrai. Douter de l’existence de ces trois hautes hypostases divines dans l’homme est de la niaiserie ; on ne peut profondément douter que du secondaire, du moins signifiant, du passager. C’est pourquoi on trouve chez les douteurs systématiques surtout des personnages médiocres, ennuyeux, esclaves du présent, prenant leurs cloaques verbeux pour des profondeurs savantes. S’exprimer sur les Universaux, c’est montrer sa sensibilité, ses goûts, son intelligence.
auteur,beauté,bien,dieu,goût,hauteur,intelligence,moyen âge,philosophie,sacré,…

doute
Savoir, sentir, rêver qu’on vit est plus qu’un plaisir (Aristote), ce sont trois mystères - de l’esprit, du cœur, de l’âme.
âme,bonheur,cœur,esprit,mystère,rêve,savoir,sentiment,vie

doute
Si la sagesse est la mémorisation des faits, Aristote a raison : « Le doute est le commencement de la sagesse ». Pour moi, le doute est la fin de nos chimères salutaires.
auteur,commencement,mémoire,rêve

hommes
Si l'on prend à la lettre la vision de Platon et d'Aristote, l'homme le plus heureux aujourd'hui serait un beau cadre homo, toujours en compagnie des copains ou haranguant des garagistes. « Sokrates war Pöbel » - Nietzsche (et Platon - Cagliostro). D'autre part, notre axiologue anti-dialecticien voyait en Socrate et en Jésus des consolateurs de la médiocrité, donc des philosophes.
bonheur,consolation,mouton,philosophie,platitude,solitude

hommes
Le robot actuel découle tout droit du rêveur du XVIII-ème siècle ; la poésie se trouve à l'origine de tous les grands courants ; rien de plus instructif que ce parcours - les poètes : Héraclite, Parménide, Pythagore ; les vulgarisateurs : Platon, Épicure ; les professionnels : Aristote, Kant. La taverne, la caverne, la caserne.
école,modernité,philosophie,poésie,robot

hommes
Dans le robot moderne, cohabitent la pré-programmation des prix et le hasard des valeurs ; il est l'héritier direct de l'automaton d'Aristote, qui désignait le hasard, et du juste pécheur des jansénistes marqué par la prédestination. Saturé d'un sens cérébral, ce robot est un non-sens vital.
axe,jeu,modernité,noblesse,raison,robot,vie

hommes
Il est raisonnable de songer à maîtriser le vrai d'Aristote ou de Kant ; il est ridicule d'espérer d'égaler le bon du Christ ; il est fou de rivaliser avec le beau de Mozart. Le don musical est le plus gratuit et miraculeux de tous, et d'ailleurs, Mozart est le seul des grands compositeurs à ne pas avoir d'héritiers.
beauté,bien,christianisme,esprit,folie,musique,vérité

hommes
Si les vrais maîtres avaient gouverné la cité, la première mesure, qu'ils auraient prise, serait d'imposer l'égalité matérielle (répartition équitable de Némésis, égalité géométrique de Platon ou l'égalité arithmétique d'Aristote), pour se réjouir ensuite, en toute impunité, de l'inégalité spirituelle. Mais c'est la plèbe qui est au gouvernail, et son premier souci est de maintenir l'écart entre les pauvres et les riches, car la course à l'argent est sa première joie.
argent,bassesse,égalité,élite,esprit

hommes
Le calcul, l'action, la caresse - telles sont les facettes de notre être, se déployant dans la déduction (Aristote), la production (Marx), la séduction (Nietzsche), dévoilant la part du robot, du mouton, de l'homme.
action,caresse,mouton,raison,robot

hommes
La robotisation générale des hommes semble être irréversible, mais l'ennui insipide, croissant et étouffant, amènera un jour le retour de l'élément tragique de l'existence humaine. On redécouvrira la béatitude des larmes : « Il vaut mieux être hédoniste austère qu'un rigoriste polisson » - Aristote.
bonheur,ennui,robot,souffrance,tragédie

hommes
Chez l'animal, on trouve des traces de toutes nos mystérieuses capacités, depuis l'étincelle du bien et le sens du beau jusqu'au suivi du vrai. Impossible de comprendre comment a pu se faire le saut : des organes et des fonctions réactifs – aux productions créatives. « L’œil est notre face animale, et le regard – la spirituelle » - Aristote.
absurde,beauté,bien,création,regard,vérité

hommes
Le constatataire l'emporta sur le contestataire ; le doigt d'Aristote, de l'École d'Athènes, pointant la terre, ridiculisa le doigt de Platon, invitant le ciel ; seul le terrestre sert désormais de justification à toute quête du céleste.
antiquité,défaite,étoile,modernité,raison,rêve

intelligence
La mort me révèle le mystère de l'être, qui donc est bien représenté dans le temps (Heidegger), mais je ne peux l'interpréter que dans l'espace : en le ravalant dans l'étendue de ses idées (Platon), en le dévoilant dans la profondeur de sa vérité (Aristote), en m'envolant vers la hauteur de sa valeur (Nietzsche).
auteur,axe,être,idée,interprétation,mort,mystère,temps,vérité

intelligence
Un objet se présente comme une matière empirique, qui, par un hasard, le compose, et une manière artistique, qui, par un regard, le décompose. On change d'objet, avec tout changement de matière ; changer de manière, sans changer d'objet, est une tâche de créateur. Un contenu et une forme. « La forme est une détermination d'un contenu » - Aristote.
art,concept,création,matière,regard,style

intelligence
C'est bien de succomber à l'appel de l'étonnement en voyant la chose comme si c'était la première fois. Il est plus rare et plus noble de la traiter comme si c'était la dernière fois. La primultimité (Jankelevitch) de tout ce qui est merveilleux. L'espérance, c'est l'étonnement en tant que but ; le désespoir, c'est l'étonnement en tant que contrainte. Et Aristote et Kierkegaard, en voyant le début de la philosophie dans, respectivement, l'étonnement d'étonnement et le désespoir de désespérer, ne se contredisent guère.
commencement,contrainte,espérance,esprit,étonnement,noblesse,vie

intelligence
Le cogito veut dire que, dans un discours sensé, devant tout verbe il faut placer je pense que… : je pense que je respire, je pense que je vois, je pense que je mens, je pense que je pense. Cartésius n'ajoute rien au Philosophe : « Avoir conscience que nous pensons est avoir conscience, que nous existons ». Comme le penser et l'être de Parménide, ou comme peser et devenir ! - mens et mensura, ou « l'intellection est le premier être » - Plotin. Cette obsession par un verbe impersonnel, même flanqué d'un sujet transcendantal, leur désapprend l'usage du pronom à la première personne, qui, seul, substitue aux choses et gestes - le regard.
action,balance,être,goût,mot,philosophie,raison,regard,simplicité,soi

intelligence
Connaît-on un seul penseur, que la logique aristotélicienne, la méthode cartésienne ou la dialectique hégélienne aurait aidé à bâtir son propre édifice (différent de casernes) ? Ce n'est ni le cheminement, ni l'accès aux chemins, ni le choix de bifurcations qui détermine nos exploits, mais le don pour la danse, faisant mépriser la marche, la hauteur d'âme surclassant la profondeur d'esprit.
âme,chemin,danse,esprit,hauteur,science

intelligence
Valéry se moque de la non-définition des abstractions initiales chez les philosophes, qui pratiquent « l'art d'arranger les mots indéfinissables en combinaisons agréables ». Pourtant, la philosophie est de la poésie, où une grande part du charme réside justement dans le vague des premiers et derniers pas. Il suffit de jeter un coup d'œil sur les «définitions» des plus acharnés adeptes de la rigueur - Spinoza, Hegel, Wittgenstein - pour s'assurer, qu'ils ne quittent jamais la région réservée aux élucubrations poétiques (rien d'étonnant qu'ils s'interrogent en professeurs marmoréens et répondent en poètes balbutiants). Pour discourir en paix, ils ne s'aventurent guère avec les définitions. La philosophie de la rigueur existe bien, mais elle fut exhaustivement épuisée par Aristote et Kant.
art,commencement,école,esprit,inconnu,ironie,philosophie,poésie,question

intelligence
Des jalousies claniques les font hurler à la défaite de la pensée (dont la décomposition fut déjà annoncée par Maine de Biran). Les mornes pensées, de toutes leurs tribus de déclinologues professionnels, triomphent partout de leur seul adversaire vivant - de l'émotion. Jamais on n'avait vu autant de géomètres algébriques ou de spécialistes d'Aristote et si peu de poètes.
défaite,école,idée,poésie,science,sentiment

intelligence
Au sommet (mystique) de la philosophie, s'ouvrent deux versants : l'éthique et l'esthétique, la vie ou l'art, la consolation ou le langage, la mélancolie ou la tragédie, la noblesse ou le style. L'angoisse et la pitié aristotéliciennes tapissent le premier, la volonté de puissance nietzschéenne permet d'accéder au second.
angoisse,art,beauté,bien,consolation,force,hauteur,langue,mélancolie,mystère,…

intelligence
Étonnant parallèle entre les termes d'Aristote : première ou seconde substance, substrats comme substances attribuées, essence et accidents, et les notions, que manipule aujourd'hui tout informaticien : instanciation et parenté, instance et modèle, attribution par défaut et attribution événementielle. Aristote et Kant sont les pères de l'informatique avancée avant la lettre.
concept,être,représentation

intelligence
Plus que dans les philosophes pinailleurs, on trouve les concepts de Parménide et d'Aristote dans l'informatique : l'être, ou les deux catégories de substance, est un modèle ou une instance ; l'étant (extension dénotée) - une substance réussie ; l'étant en tant que tel - l'origine (réelle) de l'étant ; l'essence (intension connotée) - la substance attribuée, la copule ; l'accident (le symptôme) - instance attribuée à titre individuel.
commencement,être,idée,liberté,philosophie,réalité,représentation

intelligence
L'informatique maîtrise les notions d'objet, de relation, d'attribut, de contrainte, épuisant entièrement la métaphysique aristotélicienne des substances, des essences, des existences, des accidents ; l'informatique dispose d'outils de représentation sujet-objet et de logiques souples, qui n'ont rien à envier à la philosophie transcendantale kantienne. En philosophie, il est temps d'enterrer la plate métaphysique et la logorrhée transcendantale ou phénoménologique, pour se consacrer à la hauteur des consolations de l'homme et à la profondeur de ses langages. Oublier les coutures des preuves, se pencher sur les coupures des épreuves.
concept,consolation,contrainte,être,hauteur,interprétation,langue,philosophie,platitude,représentation,…

intelligence
Que deviendrait le corpus philosophique, si l'on le purgeait de tout élément vibratoire ou mystique ? - on ne garderait qu'Aristote et Kant, deux ignares en langages et en désespoir, les deux seuls sujets, dignes d'un intérêt philosophique !
élan,espérance,langue,mystère,philosophie

intelligence
Les hiérarchies intellectuelles en fonction des priorités dans la création - représentation, interprétation, langage - et dans sa grammaire - syntaxe, sémantique, pragmatique. Le génie d'Aristote, avec le primat du couple représentation-syntaxe, la médiocrité des stoïciens avec interprétation-sémantique, la chute finale de nos analytiques avec langage-pragmatique.
création,élite,esprit,interprétation,langue,philosophie,platitude,représentation,utilité

intelligence
Oui, il est possible de briller par la continuité de son système, par le style de ses transitions, par la connexion de ses étendues ou l'ouverture de ses frontières ; mais l'imagination s'y vide rapidement, l'intuition y devient vite superflue et le tempérament - inutile. Rien d'excitant n'en peut plus être attendu, après Aristote, Descartes et Kant, que les impuissants de la métaphore vivifiante continuent à imiter pâlement. Le cerveau s'acquitta de sa mission géométrique exhaustive auprès de l'esprit ; celui-ci ne peut plus espérer de la nourriture que de la musique de l'âme.
âme,continuité,école,espérance,esprit,frontière,goût,intensité,métaphore,musique,…

intelligence
Dans une vraie philosophie, c'est à dire salutaire ou spirituelle, le savoir ne joue qu'un rôle purement décoratif, le maintien d'illusions, qui consolent ou séduisent, étant la fonction principale du philosophe. Aristote, qui traite la sophistique de sapience illusoire, ne se doutait pas, à quel point l'ironie renverse son docte jugement.
consolation,esprit,ironie,philosophie,savoir

intelligence
Hegel assigne à la philosophie la tâche d'interpréter le monde, Marx - de le changer, Aristote - de le représenter : le sens, le devenir, l'être. Le relatif de l'absolu, l'absolu du relatif, l'absolu. Mais, en tout cas, c'est la musique et l'intensité du langage, c'est à dire le regard, qui feront, que ce monde est bien à moi. Par ailleurs, l'intensité nietzschéenne n'est pas la force, comme on le croit bêtement, mais exactement - la musique ! Comme sa force consiste à savoir s'appuyer sur sa noble faiblesse.
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intelligence
Aucun philosophe n'aurait rien écrit avant Nietzsche, Valéry ou Cioran, leur œuvre garderait sa valeur intacte (contrairement à Aristote, Spinoza ou Hegel, dont l'intérêt relatif relève davantage de l'histoire de la philosophie), et sa lecture n'en deviendrait pas plus ardue - à comparer avec les connaissances philosophiques (un oxymoron insensé, puisque Foucault a raison : « Il n'y a pas de philosophie, il n'y a que des philosophes »**, tandis qu'il existe bien l'art et non seulement des artistes, puisque le sens du beau est métaphysique et celui du vrai - mécanique), se réduisant à un vocabulaire emprunté, sans rigueur ni exubérance ni hauteur, et qui seraient indispensables pour une lecture des professionnels. La seule maîtrise, dont une bonne philosophie a besoin, est celle du degré zéro de la création, de la sensibilité et de l'intelligence.
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intelligence
Peut-être les Chinois sont plus intelligents qu'Aristote : ce que celui-ci considère comme buts - le désir de savoir ou le bien final de l'action - les Chinois n'y reconnaissent que des contraintes immanentes, câblées, dont on ne parle plus. Par ailleurs, l'intérêt pseudo-philosophique de la notion de contrainte consiste dans le fait, qu'elle seule permet de cerner la vaseuse notion d'être (ignorée des Chinois) ; c'est, en effet, dans le langage des contraintes, qu'on décrit l'essence de ce qui précède la formulation des buts, la naissance des intentionnalités et même le calcul des moyens ; ainsi, l'être se réduirait aux frontières du possible et du nécessaire, plus qu'au centre suffisant.
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intelligence
Comme le signe d'égalité, '=', en mathématique, le verbe indo-européen être est employé pour désigner des relations différentes, dont les principales sont l'identité (y compris l’instanciation comme cas particulier) et la copule (impliquant des valeurs d'attribut). Dans le cas de l'identité, le domaine d'évaluation comprend toutes les substances représentées (au sens aristotélicien), ce qui résout complètement le problème d'existence.
concept,être,langue,philosophie,représentation

intelligence
Aucun philosophe n'est capable de dire clairement ce que c'est que de penser ou d'être. Et tant de bavardage autour de la formule parménidienne : «  Même chose se donne à penser et à être » (que d’autres proposent de traduire par : « Le soi est fait aussi du percevoir que de l’être », ce qui a l’air beaucoup plus sensé, mettant le devenir à côté de l’être). On ne peut penser que ce qui est représenté, mais des choses non représentées peuvent être. Les bons scolastiques, contrairement à nos contemporains, voyaient qu'entre être-là et existence, d'un côté, et être et essence, de l'autre, il y avait la représentation, le modèle des substances, le seul substrat du penser et le support de l'existence (Aristote, réduisant l'être à la substance, reste plus lucide qu'Avicenne ou Heidegger). « L'existence sépare la pensée et l'être » - Kierkegaard.
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intelligence
Ce qu'Aristote dit de la représentation (les substances) et Platon - de l'interprétation (les idées) ne porte que sur les étants, dont l'être (Heidegger) servira à valider la représentation et à orienter l'interprétation.
esprit,être,interprétation,philosophie,représentation

intelligence
Sur dix catégories aristotéliciennes - substance, quantité, qualité, relation, lieu, temps, position, possession, action, passion - on devrait ne garder que trois : substance, relation, action, les autres ne le méritent pas. On devrait y ajouter, en revanche, - règle, événement, fait, attribut (symptôme ou accident), contrainte (support de modalité, pré-règle). Quantité et qualité relèvent des insignifiantes nuances des propriétés d'attribut. Lieu, temps, position sont des attributs particuliers. Possession est une relation particulière, et passion - une substance ou une action particulière.
concept,contrainte,esprit,être,philosophie,représentation

intelligence
Kant traite les catégories aristotéliciennes de rhapsodies et propose sa propre Table, où apparaissent, en plus, modalité, négation, causalité, mais qui se réduisent, pourtant, aux règles et relations. Tous les deux pensent qu'ils creusent l'être, tandis qu'ils ne font qu'effleurer le travail préliminaire de toute représentation. À ce stade, l'intelligence consiste à se débarrasser des traces de la langue ; celle-ci ne doit apparaître que par-dessus une représentation achevée.
concept,contrainte,esprit,être,langue,philosophie,représentation

intelligence
Le monde, l'homme, la perception humaine du monde - trois merveilles d'un même acabit. Qu'on parte de l'homme (Protagoras, Kant, Nietzsche), du monde (Spinoza, Marx, Heidegger), de la relation entre eux (Aristote, Husserl, Sartre) - on peut aboutir au même réseau conceptuel. Ce qui différencie ces visions, ce n'est pas tant le problème des représentations et des interprétations, que la part et la qualité de l'extase, tragique ou jubilatoire, devant le mystère. L'intelligence, la noblesse, le talent - telle est l'échelle ascendante des bons esprits.
concept,élite,enthousiasme,esprit,idée,interprétation,mystère,nature,noblesse,représentation,…

intelligence
Quand, pour une substance, les valeurs de certains de ses attributs sont ou deviennent fixes et invariables, on inclura ces attributs dans son essence, sinon ils restent accidents. Mais l'origine de cette fixité peut être ontologique ou accidentelle. Aristote ne semble pas avoir remarqué ce caractère mouvant des accidents.
balance,commencement,concept,être,représentation

intelligence
La méthodologie mathématique en philosophie n'a jamais rien produit d'appréciable ; la consolation ou le langage ne se traitent bien que par des métaphores. Le témoignage - les trois profanations des démarches (pseudo-)mathématiques : l'analytique aristotélicienne, la géométrie spinoziste, l'algèbre kantienne.
consolation,langue,métaphore,philosophie,science

intelligence
Les vrais penseurs tirent leur généalogie des mystiques laconiques, tel Héraclite, mais le discoureur, avec Socrate et Platon, apporta l'étalage et le développement. Le discoureur, contrairement au penseur, est celui qui a besoin de modèles d'univers pour faire valoir ses pensées. C'est avec Aristote que le terne penseur éclipse, hélas, les brillants discoureurs, d'Homère à Platon. Il faut reconnaître, que les temps modernes, avant de sombrer dans la grisaille compacte, et à perte de vue, des ternes discoureurs, connurent quelques brillants penseurs.
discursif,idée,mélancolie,modernité,philosophie,représentation

intelligence
Les vaseuses causes premières aristotéliciennes sont rigoureusement modélisées en informatique sous la forme de ressources, d'outils, d'acteurs, de scénarios. Cependant, tant de philosophes continuent à marmonner, que la tâche centrale de la philosophie reste cette misérable recherche de causes.
commencement,philosophie

intelligence
Certaines têtes exaltées reprochent aux austères philosophes d'avoir abusé de trop de logique et de rigueur dans la vision du monde et de l'homme. Je n'en connais pas un seul nom ; chez tous ces bavards, avec sans doute une seule exception – Aristote, ce que d'autres appellent more geometrico n'est que verbiage et ennui. D'ailleurs, ces sages penseurs, eux-mêmes, s'en doutaient bien ; leur réputation de scientificité est due aux commentateurs, de plus en plus farfelus et irresponsables.
ennui,philosophie,science

intelligence
Au sens aristotélicien du mot, une substance (première ou seconde) est un méta-concept de la représentation et nullement de la réalité ; donc, les fastidieux débats, pour savoir si quelque chose (sujet, conscience, espèce) est une substance ou non, sont totalement sots, puisque tout ce qui est représenté l'est et tout ce qui est réel ne l'est pas, par définition.
être,réalité,représentation

intelligence
Aristote, Spinoza, Kant - aucune belle métaphore ; il reste le système (logique, structurel ou verbal, à l'esthétique nulle), donc un résumé, qui n'est jamais qu'enfantillage (c'est à dire la curiosité de la découverte, suivie d'une sobre mémorisation et d'un morne apprentissage). En face, les mythes et idées platoniciens sont de pures métaphores éternelles, comme la plus belle d'entre elles, celle de la Caverne reprenant, peut-être, le beau souvenir du souterrain de Pythagore et d'Empédocle. Tant de prosateurs cherchèrent à embrigader cet impénitent poète, en suivant le conseil perfide de Leibniz : « Si quelqu'un réduisait Platon en système, il rendrait un grand service à l'Humanité ».
beauté,école,idée,mémoire,métaphore,platitude,ruines,système

intelligence
Une idée, c'est l'évocation des choses par leurs images. Mais pour Platon, elle n'est qu'image ; pour Aristote, elle n'est que chose ; et pour Descartes, elle est image de la chose (« les images des choses sont les seules à qui convient le nom d'idée » - « rerum imagines, quibus solis conventi ideae nomen ») - les ondes, les capteurs, les empreintes. Je réserverais ce nom aux cas, où les choses sont profondes et les images – hautes, ce qui munirait ces images des choses – de la noblesse ou de la musique.
concept,hauteur,idée,matière,musique,noblesse,réalité,représentation

intelligence
Le vrai savoir ne peut provenir que d'une représentation, et il s'appuie sur la pensée de l'être, avant d'engendrer celle du devenir ; penser, c'est traverser la représentation en ces étapes : sujet, sensations, objets, relations, mémoire, désir, références conceptuelles, et ensuite verbales, d'objets et de relations, phrases grammaticales, leur interprétation, sens de la vérité établie. Vu sous cet angle, ni Aristote ni St-Augustin ni Descartes ni Kant ni Husserl ne savent ce qu'est penser. Lever les yeux au ciel et froncer les sourcils, c'est le seul sens plausible qu'ils donnent à cette activité non-élémentaire.
concept,être,idée,interprétation,langue,mémoire,question,représentation,savoir,vérité

intelligence
Ni Platon ni l'Aquinate ni Heidegger ni Sartre ne formulent de concepts ontologiques opératoires - que des intuitions poétiques ou théologiques. Que Aristote est si rigoureux avec ergo saute surtout aux yeux, quand on constate, que ni Descartes ne se donne la peine de définir ce qu'est cogito ni Heidegger - ce qu'est sum. La liaison entre la réflexion et l'ontologie est affaire des métaphores.
doute,être,idée,métaphore,poésie

intelligence
Que les substances soient minéralogiques, métaphysiques ou sociales, leur modélisation fera appel aux mêmes concepts et s’appuiera sur la même logique ; la cognitique, plus que la mathématique, assure les mêmes mécanismes ontologiques. Descartes le comprenait mieux qu’Aristote.
concept,être,science

intelligence
Toucher aux choses grandioses (profondes ou ampoulées) est une obligation de la philosophie, mais sans la musique ni la poésie, cette approche ne peut être que soit ridicule soit ennuyeuse soit pédante, ce qui exclut de la liste des grands les non-musiciens : Aristote, Descartes, Spinoza, Kant, Hegel.
ennui,grandeur,hauteur,musique,philosophie,poésie

intelligence
Avant Newton, la mathématique, et donc la physique, s’exprimaient en balbutiements, comme, d’ailleurs, la philosophie, qui reconnaissait sa parenté, justifiée, avec la mathématique. De la notion, vague et inutile, de l’infini, Newton forgea le concept, élégant et opératoire. La logique, restant dans les approximations aristotéliciennes, un ignare en logique, Spinoza, tenta, lamentablement, d’imiter cette logique, dans ses écrits pseudo-philosophiques (où il n’y a ni logique ni géométrie). Mais les spinozistes continuent à chercher une mathématisation de la philosophie. La philosophie perdit ses hautes ailes poétiques et ne maîtrisa jamais les profondes racines mathématiques.
hauteur,histoire,inconnu,philosophie,poésie,science

intelligence
La forme, céleste, intellectuelle, de Platon, fécondée par le fond, terrestre, conceptuel, d'Aristote, enfanta du Logos, relation spirituelle, intermédiaire entre terre et ciel, esprit et matière, structure stoïcienne et chrétienne.
antiquité,christianisme,concept,esprit,idée,matière,philosophie,représentation,style

intelligence
Cet organe unique, qui constitue la personne intellectuelle et qu’Aristote appelle ‘âme’, je ne lui trouve pas de dénomination adéquate et l’affuble de terme de ‘conscience’, dans lequel on devine de la sensation (de et vers les choses) et de la réflexion (dans les deux sens du mot). « La conscience [âme] a trois éléments : l’excitation, la pensée, l’élan »** - Aristote.
âme,élan,idée

intelligence
Aristote et Kant eurent beau avertir les philosophes, que sans une bonne représentation tout discours ne peut être que du verbiage – Spinoza et Hegel tombèrent dans ce piège. Et tout effort interprétatif, sans une base conceptuelle, dégénère en bêtises irresponsables ; et c’est dans ce deuxième piège, qu’ils dégringolèrent.
concept,défaite,erreur,interprétation,maîtrise,philosophie,représentation

intelligence
Techniquement, la philosophie (comme l’Intelligence Artificielle) s’articule autour des représentations et des logiques ; Kant et Aristote nous en fournirent des définitions acceptables. Mais ce sont des intelligences mécaniques, sans talent littéraire ; l’intelligence organique, écoutant ce qu’il y a de palpitant, de musical, de mystérieux, chez l’homme, on ne la trouve que chez Valéry. Ces trois-là sont les véritables pères de l’Intelligence Artificielle du futur.
art,artificiel,musique,mystère,philosophie,représentation,robot,science

intelligence
Les maximes sont la poésie de la philosophie ; on en trouve même chez des non-poètes, comme Aristote ou Kant. « La philosophie dispose de sa propre poésie, qui, en fin de compte, en est sa raison d'être »*** - Chestov - « В философии есть своя поэзия, которая и составляет её raison d'être ».
maxime,philosophie,poésie

intelligence
L’arbitraire intervient nécessairement dans toute représentation suffisamment riche ; les catégories philosophiques font partie des représentations et portent donc une dose d’arbitraire. Impossible de trouver deux représentations (deux sujets), ayant exactement les mêmes jeux de catégories. Aucune absolutisation n’en est donc possible. Ni Aristote ni Kant n’en ont l’exclusivité.
concept,jeu,philosophie,représentation,universel

intelligence
Toute représentation (conceptuelle) relève d’un sujet (une personne, une communauté consensuelle) ; cette dépendance est reflétée par la volonté schopenhauerienne. Mais à sa dyade manquent deux éléments – une méta-logique (assurant que la représentation, pour le même sujet, est non-contradictoire) et un langage (se plaquant sur la représentation). Quant au contenu d’une représentation, Schopenhauer, comme, avant lui, Aristote et Kant, reste dans le flou de la vague causalité, qui est une relation protéiforme et banale, sans rien d’universel. Quelles connaissances représente-t-on ? - les structurelles (classes/éléments, réseaux sémantiques, scènes d’acteurs), les descriptives (attributs, propriétés de concepts, dont des aspects langagiers, lexicaux et syntaxiques), les comportementales (règles déductives et événementielles, scénarios). C’est la démarche de l’IA.
artificiel,concept,langue,négation,représentation,savoir,science,universel

intelligence
Les contraintes sont des méta-principes qui réduisent le champ de mes intérêts. Dans ce champ, soit je développe une forêt de principes, soit j’y plante des arbres, des principes solitaires – la fin ou le commencement, la forteresse finale ou la caresse initiale, le discours ou le chant. Aristote est dans la forêt, et Platon – dans l’arbre ; développeur ou enveloppeur, raisonneur ou poète.
arbre,caresse,commencement,concept,contrainte,création,danse,discursif,idée,poésie,…

intelligence
Il n’y a rien d’absolu dans les Idées platoniciennes. Même l’espace/temps, la matière, la vie, dans les représentations, portent, nécessairement, des traces des expériences individuelles. Aristote fut plus platonicien que Platon, en absolutisant ses catégories, où le libre arbitre est flagrant. La fichue préexistence des Idées n’est qu’une figure rhétorique qui ne s’appuie sur rien. En revanche, la préexistence des concepts (dans la représentation), pour ancrer le langage, leur échappa à tous les deux.
concept,idée,jeu,langue,liberté,matière,représentation,sacré,temps,vie

intelligence
Le poète synthétique Platon place ses mots (Idées particulières) dans sa représentation (en haut) ; le philosophe analytique Aristote les applique directement à la réalité (en bas) universelle. D’où le malentendu entre l’élève et le maître. L’erreur de tous les deux est de croire en universel et de négliger le particulier. En plus, dans le mot particulier, ils confondent ces deux concepts différents : la relation classe/élément et l’appartenance de représentations aux auteurs différents.
concept,erreur,idée,mot,philosophie,poésie,réalité,représentation,universel

valéry p.
Ma philosophie ne tend qu'à représenter et à tenter de voir ce qu'une représentation suggère de changer dans les valeurs et les connexions.
intelligence
C'est la définition même du modèle  ! Qui est non-langage, au-dessus de la vie-réalité. Aujourd'hui, tu serais cogniticien ! Comme Aristote et Kant !
axe,balance,langue,philosophie,réalité,représentation,vie

ironie
Dis-moi dans quel état tu te laisses aller - l'ivresse ? la lucidité ? le désespoir ? - je te dirai ce que valent tes productions. L'ironie paraît être l'état rêvé des meilleurs. Une soif entretenue, une ivresse appelée de ses vœux - le contraire d'Aristote : « Nous devons quitter la vie comme un banquet - ni assoiffés ni ivres ».
création,élite,espérance,intensité,mort,négation,soif,vie

ironie
Toute mise en place d'une représentation doit respecter la rigueur et la cohérence d'un méta-paradigme apriorique, contenant certaines notions de base, telles que : graphe orienté acyclique de concepts, réseau sémantique, scénario, sujet, essence, événement, et que tout informaticien moderne maîtrise sans peine. Mais quand les pédants ou les bavards, Aristote et Kant y compris, tâtonnent autour de ce sujet, cela donne un verbiage amphigourique, appelé métaphysique. Le cogniticien s'appuie sur une grammaire, et le métaphysicien – sur des vœux pieux.
être,idée,langue,modernité,philosophie,représentation,savoir,science

ironie
Il y a des philosophes, chez qui on sent surtout un intense climat (Platon, Nietzsche, Heidegger) ; chez les plus raseurs, on ne voit que des paysages inanimés (Aristote, Descartes, Kant).
âme,climat,intensité,philosophie

ironie
Le sérieux est l'élément, dans lequel se meut l'esprit ; l'âme, qui s'en mêle, y introduit de l'ironie. On ne peut comprendre Aristote : « L'homme sérieux est celui qui désire de toute son âme » que si l'on sait, quel sens idiot il met dans le mot âme. L'immense grisaille de son opus De l'âme le confirme.
âme,élan,esprit,platitude

ironie
Enfin, je viens de trouver l'exemple insurpassable d'un creux pseudo-philosophique monumental. Ce qui le rend particulièrement savoureux, c'est qu'il est pondu par le grand Aristote : « L'être et l'un sont, en vérité, plus substances que le principe, les éléments et la cause ». Sept termes que vous pouvez inter-changer impunément dans n'importe quel ordre, sans aucun outrage au sens primordial, brillant par son absence. Et, pour pimenter cet exercice, se rappeler, que pour ce penseur toute cause est un principe, tout principe est une vérité et tout être est une substance. Une forêt de quantificateurs fantomatiques, sans aucun arbre, aucune chose.
arbre,éléments,être,philosophie,vérité

ironie
Si l’on vous dit, que « pour un être qui est acte, la langue possède une expression adéquate - … » - Schelling - « für dieses Wesen, das Actus ist, hat die Sprache einen treffenden Ausdruck - … » - devineriez-vous quelle est cette expression ? Une massue ? Un poing ? Un muscle ? - eh bien, non, ils y fourrent – l’âme ! Les traducteurs mal inspirés d’Aristote passèrent par là.
action,âme,être,langue,mot

ironie
La fouille aléatoire des concepts approximatifs est à l’origine des tristes catégories aristotéliciennes ou kantiennes. Mais il y a des penseurs qui s’en servent comme d’un étalon de sagesse : « L’usage que Flaubert a fait de certains pronoms a renouvelé presque autant notre vision des choses que Kant, avec ses Catégories » - Proust.
concept,intelligence,jeu,langue

shakespeare w.
The readiness is all.

N'être que prêt, tout est là.
ironie
Ce n'est qu'un tiers, le tiers des scouts, l'autre tiers serait prêt pour l'action contraire et le dernier, le meilleur, pour reconnaître sa défaite (ce que tu résumes bien : « Être mûr, tout est là » - « Ripeness is all »), quand vient l'heure de l'acte lui-même (à rebours de « l'antériorité de l'acte sur la puissance » d'Aristote ou du Docteur angélique). Du Faire au Fait - on s'abaisse, du Dire au Dit - on s'élève. L'opposé de l'opiniâtreté ou du risque. Saluer l'énergie, sans la traduire en mouvement, se contenter de désirer. Tenir à son regard, qui accompagne l'action, est plus instructif qu'agir en le suivant. Savoir ce que je fais, plutôt que faire ce que je sais. Ne pas redouter de n'être que prêt à vivre, à pied d’œuvre. Faire ses sélections, sans faire de choix. Avoir à sa disposition, sans disposer. La disponibilité serait le bonheur à proprement parler du Chinois. « La possibilité est vie, et tout le reste - déchet » - Valéry. Caresser l'idée, sans l'habiller en concept. Je peux rater le but, mais je l'aurai bien perçu ou bien nommé.
action,auteur,bonheur,caresse,chine,contrainte,défaite,flèche,force,hauteur,…

mot
Entre les mots et le cœur le gouffre est plus infranchissable qu'entre les mots et l'âme. Il faut être plus sceptique avec l'expression de nos sentiments qu'avec la peinture de nos états d'âme. Ni le cœur ni l'âme ne possèdent de langage traduisible en mots ; on ne les évoque qu'en images irresponsables, n'ayant rien d'une empreinte et ne relevant que d'une création libre : « Ce qui est en la voix est symbole des affections de l'âme, et l'écrit - symbole de ce qui est en la voix » - Aristote.
âme,cœur,langue,proximité,sentiment

mot
Le mot n'est signe ni de la chose ni du concept. Le mot est volonté de désigner la chose, volonté, qui ne débouche sur la chose qu'en transitant par le concept (et le concept, non plus, n'en déplaise à Aristote, n'est pas signe des choses ; le concept est la connaissance même de la chose). Le mot n'est ni similitude ni représentation, mais symbole évocateur, excitant, référençant, focalisant. Le mot est une forme travaillée par un désir de fond.
élan,idée,intensité,interprétation,représentation,savoir,style

mot
L'idée platonicienne (eïdos) nous renvoie à ce que les choses ont de visible ; à ce qui est lisible nous renvoie le mot (logos). Le Logos bicéphale aristotélicien correspond très exactement à ce qu'est une maxime : l'union de la forme et de la formule !
grèce,idée,maxime,réalité,style

mot
Personne ne rit chez Homère ; l'amour, chez Platon, n'est que charnel ; l'enfer de Dante n'est pas plus effrayant qu'un musée minéralogique (où Dante se serait promené en touristePéguy ; « les formes et couleurs de la poésie de Dante sont de nature géologique » - Mandelstam - « Стихи Данта сформированы и расцвечены геологически ») - et l'on en garde le rire homérique, la passion platonique, la vision dantesque. Se méfier des adjectifs, cette cinquième colonne du hasard antonomastique. La traîtrise des noms est moins déroutante, quoique vous chercheriez en vain l'âme dans De l'âme d'Aristote (que, bizarrement, vous trouverez dans Cité de Platon), ou la nature dans Sur la nature de Parménide ou dans De natura de Lucrèce, ou la logique dans la Science de la Logique de Hegel.
âme,amour,caresse,jeu,nature,science,style

mot
Tout philosophe devrait s'interdire l'usage ontologique du verbe être (que le Stagirite ne daigna même pas mettre à côté des trois monstres : avoir, agir, pâtir, et que Lulle négligea dans ses neuvaines ; l'ontologie occidentale existe « à cause de la forme du langage indo-européen »* - Valéry). Inexistant en chinois et en japonais, fantomatique en russe, amputé de sa fonction copulative en arabe (wjd), ambivalent en espagnol et italien (l'essentiel ser-essere et l'accidentel estar-stare), envahissant en grec et allemand, il est un moyen immédiat de dépistage de la logorrhée.
allemagne,chine,discursif,espagne,être,europe,grèce,italie,langue,philosophie,…

mot
Les deux Cratyle, celui de Platon ou celui d'Aristote, celui qui lève le doigt, avec un nom unique aux lèvres, ou celui qui le baisse, pour que le nom sélectionné soit le plus proche de la réalité terrestre, - produisent du silence ex aequo ou du bruit-écho, tandis qu'il s'agit de composer de la musique - le mot-maître doit faire danser l'idée-servante.
danse,idée,maîtrise,musique,proximité,réalité,silence

mot
Où peuvent se trouver - si elles existent ! - ces fichues idées platoniciennes ? Dans la réalité ? Dans le modèle ? - Non, presque exclusivement (sauf quelques constantes eidétiques - en physique, en chimie, en biologie) - dans le langage ! C'est à dire dans un outil de critique et non pas de topique. Ni représentation, ni interprétation, mais requête. « Le passage de la vie dans le langage constitue les Idées »** - Deleuze. Les universaux, en revanche, ne sont ni dans la réalité (universalia ante res - le réalisme platonicien), ni dans le langage (le nominalisme médiéval), mais bien dans le modèle (universalia in rebus - les impressions de l'âme aristotéliciennes). Quand on comprend, que non seulement les relations, mais aussi les propriétés et les attributs peuvent être représentés en tant que classes, toute discussion sur le lieu de leur existence devient superflue.
âme,concept,création,être,idée,interprétation,langue,moyen âge,représentation,universel,…

mot
L'obscurité non-poétique, dans les traductions des Anciens, est, en général, de nature non-philosophique, elle est indéniablement due aux mauvais traducteurs. J'aimerais pouvoir juger de l'énormité des traîtrises de traducteurs, dans la chaîne : le grec d'Aristote, l'arabe d'Averroès, l'anglais et le latin de M.Scot, l'allemand de Frédéric II.
allemagne,angleterre,antiquité,grèce,langue,philosophie,poésie

mot
Trois pseudo-concepts, trois parasites, nous viennent d'un modeste mot aristotélicien d'ousia (nous renvoyant aux espèces ou aux instances, dans la réalité), traduit substance par Boèce, essence - par St-Augustin et être - par Heidegger. Mais c'est le dernier qui est sans doute le plus près de l'original, puisque les substances et les essences appartiennent surtout à la représentation, tandis que, même fantomatique, l'être a partie liée avec la réalité.
être,grèce,idée,réalité,représentation

mot
On peut juger du sérieux des métaphysiciens, en citant cette perle de leur père : « Il y a identité entre : un homme, homme existant, homme ». Le premier : une variable, s'unifiant avec des instances de l'homme. Le deuxième : ou bien le terme existant est méta-langagier et il s'y agit de la simple existence en tant qu'instance ; ou bien existant est un attribut temporel et il s'agit des instances existantes au moment de la requête : ou bien existant est un attribut booléen et il s'agit des instances, dont cet attribut vaut vrai. Le troisième : une étiquette langagière, collée à la classe correspondante. On est très loin d'une identité.
concept,langue,philosophie,représentation,simplicité,vérité

mot
Dans le réel, il n'y a aucune trace de poétique ; la poésie est de la traduction et non de l'imitation (la mimesis de Platon et Aristote) ; traduction artistique d'un message mystique, inarticulé ; notre soi inconnu est mystique, et le soi connu – poétique ; la rencontre entre eux, la traduction du premier dans le langage du second, c'est la création.
art,création,inconnu,langue,mystère,poésie,soi

mot
Platon et Aristote placent les idées soit dans le réel ici-bas soit dans le représenté la-haut, tandis que leur place est dans le langagier intermédiaire. « Les idées sont à titre de modèles, des paradigmes, dans l'éternité de la Nature » - Platon. Dans notre condition humaine, nous devons nous contenter des ombres, à l'intérieur de notre Caverne, ombres appelées mots. Toutefois, c'est d'abord dans le monde fermé des représentations que le mot nous renvoie, avant de se décanter dans le monde ouvert des idées. Les objets eux-mêmes restent en dehors de la Caverne, pour mieux orienter notre lumière ou pour intensifier nos ombres.
concept,éternité,idée,intensité,langue,nature,ombre,ouvert,réalité,représentation,…

mot
Socrate, maître de Platon, l'Athénien ayant bu la cigüe, l'ami d'Aristote lui étant moins cher que la vérité – ce sont des références d'objets. Dépendre de, reposer sur, se fier à – ce sont des références de relations. Des combinaisons de ces deux types de référence, munies de connecteurs logiques et syntaxiquement correctes, forment des propositions. Tout y est limpide, à comparer avec des groupes verbaux ou nominaux des linguistes ou avec des combinaisons de représentations et de concepts (Hegel) des philosophes. Les premiers ne voient même pas les représentations, et les seconds placent celles-ci déjà, prématurément, dans le langage. Mais en projetant sur l'indo-européen le mécanisme universel de références : « La proposition (le logos) se forme, en entrelaçant les verbes avec les noms »** - Platon rend bien la fonction première du langage.
concept,idée,langue,philosophie,représentation,science

mot
Un discours convoque des mots et évoque des choses, mais le fond, visé par ces formes, ce sont des états de l'âme. Le vrai mystère, ce n'est peut-être pas l'être, seulement problématique, mais les états de l'âme. « Les états de l'âme entretiennent un rapport significatif, mimétique et direct avec l'être »* - Aristote.
âme,être,langue,mystère,style

mot
Les tenants du tournant linguistique en philosophie comprirent bien le rôle de la réflexion sur le langage : « Les problèmes philosophiques peuvent être résolus par une réforme du langage » - R.Rorty - « Philosophical problems can be solved by reforming language ». - mais ils ne comprirent pas, que cette réflexion est, en soi, un problème philosophique, qui n’en résout aucun autre (parmi ceux que l’école échafauda, d’Aristote à Heidegger). Le fondement de cette réflexion devait consister dans la reconnaissance du rôle intermédiaire du langage entre la représentation et la réalité, que les pragmatiques ignorent, comme ils ignorent le côté poétique et du langage (le style) et de la philosophie (la consolation comme son second objet principal).
consolation,langue,philosophie,poésie,réalité,représentation,savoir,style

mot
La misérable philosophie du langage (cet avorton du tournant linguistique, avec son frère paralytique, la philosophie de l’esprit) se moque des représentations, qui, soi disant, auraient été prônées, naïvement, par Platon et Aristote (qui, il faut le souligner, ne comprenaient rien dans les fonctions du langage) et qu’il fallait dépasser. À ma connaissance, le seul philosophe, qui voyait nettement les rapports entre langage et représentations a été Valéry.
esprit,langue,philosophie,représentation

mot
L’abêtissement de la philosophie par le piteux tournant linguistique prouve que les Anciens furent plus profonds, en mettant l’ontologie, et donc la représentation, au centre de leur attention. Cet abêtissement frappa le vieux Wittgenstein, qui, jeune, adopta une démarche ontologique, proche de celle d’Aristote, mais, vieux, sombra dans une lamentable anthropologie des jeux de langage, jeux si appréciés par les plus bêtes des Anglo-Saxons.
amérique,angleterre,antiquité,être,hauteur,intelligence,langue,philosophie,représentation

st augustin
Alia est enim lux quae sentitur oculis ; alia qua per oculos sintiatur ; haec lux qua ista manifesta sunt, utique intux in anima est.

Autre est la lumière perçue par l'œil ; autre la lumière que l'œil peut percevoir ; autre enfin la lumière imprimée dans l'âme, qui la conçoit.
mot
Une langue vivante, un modèle conceptuel, une image conçue - Aristote eût partagé la même vision ternaire, que les philosophes analytiques abaissent à une terne division binaire.
âme,idée,langue,ombre,philosophie,représentation

noblesse
L'interminable série de défaites de la noblesse par plagiats-perversions : Héraclite voue la philosophie au discours poétique, et Parménide l'encanaille dans une logique bancale ; Pythagore cultive une lumineuse mystique du nombre, et les éléatiques récoltent une casuistique des ombres ; Lao Tseu place le tao dans une inaction altière, et Confucius l'embrigade dans de bas rites ; Platon hisse l'idée lyrique hors du sol, et Aristote la souille par un enracinement empirique ; le cynique prône le mépris hautain, et le stoïcien bassement l'arraisonne ; les murs de Jésus ne convainquent personne, mais les portes des églises rameutent ; la mystique d'une Déité de Maître Eckhart sombre dans le charlatanisme de l'Unité de Nicolas de Cuse ; Kant trouve, pour le savoir divin, un refuge dans la transcendance, et Hegel le réduit à l'état de caserne dialectique ; Nietzsche s'ouvre à l'ivresse des sens, et Heidegger l'évente dans la sobriété de l'être et de l'essence.
action,christianisme,défaite,être,haine,idée,intensité,mouton,mystère,philosophie,…

noblesse
Sur les axes des valeurs, Aristote cherche des commencements, Kant - des frontières, leurs épigones - leurs points préférés. Mais Nietzsche ennoblit l'axe tout entier, en le munissant d'une même intensité, qui est le fond de notre moi ; cette axiologie s'appelle l'éternel retour du même ; ce qui change en moi n'est pas moi.
axe,commencement,éternité,frontière,intensité,retour,soi

noblesse
L'éternel retour, c'est la reconnaissance, qu'aucun développement ne rehausse le regard prima facie : « De retour à mes débuts, j'y retrouve la même perplexité » - Goethe - « Da steh' ich nun, ich, armer Tor ! Und bin so klug als wie zuvor ». Le sens, l'invariant, de ce retour est dans la bouche de Faust : « Tu es beau, arrête-toi » (« Verweile doch, du bist schön ») - le sens d'un retour intemporel. Et si la cause finale d'Aristote était la même chose : « La cause finale occupe la place de la beauté dans les êtres, qui en sont pourtant dépourvus » ?
beauté,bonheur,discursif,éternité,étonnement,regard,retour

noblesse
Ce n'est pas le rôle du rêve que de me consoler par l'oubli - la vie, à mon réveil, m'affligera d'autant plus durement. Il faut rêver en éveil (« l'espoir, c'est le rêve de l'homme en éveil »* - Aristote) et ne chercher de consolations qu'auprès d'une vie endormie. Rêver pour dissoudre le visible dans le lisible, le contraire de « Ceux qui rêvent de jour sont conscients de tant de choses échappant à ceux qui ne rêvent que la nuit » - Poe - « Those who dream by day are cognizant of many things that escape those who dream only at night ».
consolation,espérance,mélancolie,négation,ombre,rêve,vie

noblesse
L'égale maîtrise du ton et du fond, le cas rarissime : Platon, Dostoïevsky, Tolstoï, Heidegger. Le cas le plus fastidieux, la morne maîtrise du seul fond, sans posséder le ton, - la gent professoresque. Sa maîtrise profonde : Aristote, Kant. Les meilleurs, prenant de haut le fond, s'adonnent au ton : St-Augustin, Nietzsche, Cioran. Et l'on finit par comprendre, que la hauteur du ton crée la profondeur du fond.
école,hauteur,maîtrise,style

noblesse
L'intensité que j'appelle de mes vœux, doit couronner l'union du lisible, de l'intelligible, du sensible : profondeur, hauteur, ampleur - beauté, noblesse, bonté. Montaigne, non sans raison, l'appelle volupté : « En la vertu même, le dernier but de notre visée, c'est la volupté »**, tout en réconciliant Épicure avec Zénon de Cittium, dans une perfection aristotélicienne.
beauté,bien,bonheur,contrainte,flèche,hauteur,intensité

noblesse
Tant d'héritiers de l'Être (Parménide), du Nombre (Pythagore), de l'Idée (Platon), de la Substance (Aristote), du Doute (Pyrrhon) ; ce qui tomba en déshérence, c'est la Passion (Épicure, comme tous les autres Anciens).
amour,antiquité,doute,être,idée,philosophie

noblesse
Toutes les idées de perfectionnement graduel ne faisaient que décerveler les hommes. Socrate, Tolstoï ou Gandhi propageaient cette sottise. « Je crois qu'on ne peut mieux vivre qu'en ayant la pleine conscience de son amélioration » - Socrate. Alors je n'ai aucune chance de bien vivre, moi, qui aime brûler les ponts, qui découvre en moi-même de nouvelles hontes ou de nouveaux vides. Deviner, même inconsciemment, ce qui, en moi, reste immuable et invariant, a plus de chances de rendre ma vie supportable. « Vivre selon ton soi le plus noble, qui est en toi »** - Aristote – et peu importe, que ce soi reste inconnu.
auteur,étonnement,honte,immobilité,inconnu,soi,vide,vie

noblesse
Est esclave celui qui ne voit pas ce que la liberté, même seulement extérieure, apporte à son âme. « On est esclave à cause de son âme d'esclave, inaccessible aux émois de la liberté. L'aristocrate est un homme aspirant à la beauté et à la liberté intérieure de son esprit » - A.Lossev - « Раб, потому что у него рабская душа, и недоступны ему переживания свободы. Аристократ есть внутренне духовно-свободный и прекрасный человек ». Aujourd'hui, c'est par des qualités de son âme qu'on devient aristocrate, et combien d'esclaves s'enorgueillissent d'un puissant esprit ! L'aristocrate est celui dont l'esprit, en se recueillant, devient âme, et dont l'âme maîtrisée devient esprit. L'âme n'a qu'une seule facette - l'humaine (l'âme intellectuelle d'Aristote) ; l'âme végétale ou animale (nutritive ou sensitive) est une aberration d'un esprit robotisé.
âme,beauté,élan,élite,esprit,liberté,modernité,robot

noblesse
L'esprit et l'âme, ce sont deux fonctions, opposées et souvent complémentaires, du même organe : « L'âme est gardienne des idées et l'esprit - pilote des sentiments. La pensée, cet oiseau éhonté, au vol rapide » - Nil de Sora - « Сердце, иже помыслам хранитель, и ум, чувствам кормчий, и мысль, скоролетящая птица, и бесстыдная ». Dès que la honte se présente, surgit l'âme ; dès qu'elle s'estompe, lève la tête l'esprit. « La pensée est une insolence éduquée » - Aristote. L'âme passe experte en serrures, l'esprit enferme le sentiment au fond des cales. La pensée porte les nouvelles des derniers déluges.
âme,esprit,idée,sentiment

noblesse
Toute tentative d'une écriture noble aboutit à la problématique confrontation aristotélicienne entre l'intelligible et le sensible. Privilégier le concept, le système, l'inférence, bref une solution, ou bien la beauté, l'émotion, le goût – bref, un mystère - la caresse. La métaphore est une caresse, comme le sont le paradoxe, la mélodie, le rêve. Tout bon philosophe est chantre de la caresse protéiforme.
beauté,caresse,idée,intelligence,métaphore,musique,mystère,paradoxe,philosophie,rêve,…

noblesse
On ne peut pas vivre de la musique ; on ne peut qu’en laisser envahir ses rêves. La vie est cadences et bruits ; le rêve – émotions et musique. La raison et la noblesse n’ont pas grand-chose à se dire ; la raison désespère et la noblesse invente de folles espérances. Mais si tu veux une vie indiscernable du rêve, écoute Aristote : « L’homme doit tout faire pour vivre selon la partie la plus noble qui est en lui ». Vivre serait donc entendre et poursuivre l'éphémère, éternellement inexistant et attirant, la mort du corps guidant et justifiant la noblesse de l'esprit.
absurde,espérance,esprit,éternité,matière,mort,musique,raison,rêve,vie

boèce
Superata tellus sidera donat.

S'élever au-dessus de la Terre, c'est mériter les étoiles.
noblesse
Ne mêlons pas les étoiles au culte terrien du mérite ! L'étoile ne se donne qu'au regard, dont la hauteur ne se mesure pas en coordonnées de l'œil. « L'œil est animal, et le regard - spirituel »** - Aristote. Même en tombant, sur la Terre, plus bas que le corps, l'âme peut atteindre les étoiles : « En plein jour, on peut voir des étoiles, quand on est au fond d'un trou » - J.G.Hamann - « Ein Mann in einer tiefen Grube kann am hellen Mittag Sterne sehen ».
âme,éléments,étoile,gloire,hauteur,regard

montaigne m.
Rien de noble ne se fait sans hasard.
noblesse
Comme l'ignoble suit de plus en plus des impératifs irréfutables. Je n'imprime de la noblesse à mes pas qu'en laissant le hasard divin m'inspirer le pas premier et en offrant au hasard d'une lecture la portée du dernier pas, qui dépasse ma vie, mon livre, ma foi. « L'art et le hasard s'exercent dans le même domaine : l'art aime le hasard, comme le hasard aime l'art » - Aristote.
art,auteur,commencement,jeu,religion,vie

proximité
Les fondateurs d'Églises : ses Pères - l'orthodoxie, Charlemagne - le catholicisme, Luther - le protestantisme ; recel de faux, faux, usage de faux - tout est prévu pour la rétractation et le verdict. Et chaque fois huit siècles séparent ces croires à former, comme huit siècles séparent les pensers du formé : Aristote, St-Augustin, Thomas d'Aquin, Wittgenstein. La prochaine étape serait donc un nouveau croire. Mais croire, en absence des âmes, est-ce encore croire ? Thomas d'Aquin comptait onze passions ; quatre siècles plus tard, Descartes n'en voyait plus que six ; encore quatre siècles, et bientôt nous n'en serons qu'à zéro.
christianisme,élan,justice,mensonge,temps

proximité
Vue de près, toute chose se banalise ; le poète est créateur de lointains, où son regard s'installe, mais il est chantre de la proximité et de la caresse et non pas « admirateur du lointain » - Aristote.
caresse,poésie,regard

proximité
Tant d'incantations sur le Dieu-Bonté ou le Dieu-Vérité, c'est à dire sur un inexistant merveilleux ou sur un existant fade, tandis que c'est au Dieu-Beauté qu'un artiste devrait adresser ses prières et ses discours. Parler devant le Bon engendre du faux ; parler devant le Vrai conduit à l'ennui ; il faut parler devant le Beau, ressenti comme Dieu. D'après La Bruyère, Aristote l'aurait compris, en confondant les noms d'Euphraste (beau discours) et de Théophraste (discours divin).
art,beauté,bien,dieu,ennui,inconnu,mystère,vérité

dostoïevsky f.
Если Христос не правда, то уж лучше я буду вне правд, со Христом.

Si le Christ n'est pas la vérité, être plutôt hors de la vérité, avec le Christ
proximité
Pourtant, le Christ dit « Je suis la Vérité… » et Maître Eckhart est plus circonspect : « Si Dieu se détourne de la vérité, je l’abandonne et reste avec la vérité » - « Möchte Gott sich vor der Wahrheit kehren, ich wollte mich an die Wahrheit halten und Gott lassen ». La métaphore au-dessus de la formule logique : « Je refuse d'être Aristote si c'était pour me séparer du Christ » - Abélard - « Nolo esse Aristoteles ut secludar a Christo ». Ceux qui abandonnent leur ami, pour une vérité, deviennent peut-être des Aristote, mais ils n'auront connu ni le vrai amour ni la vraie amitié. Peu sont capables de faire confiance à l'inexistant, donc de croire, sans le profaner en l'introduisant dans l'existant : « Celui qui prétend aimer le christianisme plus que la Vérité, finira par aimer sa secte et, ensuite, par aimer soi-même plus que tout le reste » - Coleridge - « He who begins by loving Christianity more than Truth, will proceed by loving his sect and end in loving himself better than all ».
amour,christianisme,dieu,métaphore,raison,soi,vérité

russie
Méchants dans la liberté, attachants dans la servitude, c’est ainsi qu’Aristote définissait le barbare. Je ne compris ce dualisme qu’après avoir vu ce que les Russes firent de la liberté qui leur fut donnée en cadeau, à la fin du siècle dernier.
liberté,modernité

solitude
Byron trouva en mélancolie un état d’âme noble, ce qui ne fut envisagé ni à l’époque classique ni, encore moins, dans l’Antiquité, où la bonne humeur et l’âme en paix furent omniprésentes sur l’agora. Aristote fut-il mélancolique ? - cette hypothèse reste sans réponse, puisque son style est sans relief. R.Debray est le dernier byronien.
âme,angoisse,antiquité,mélancolie,noblesse,question,romantisme,style

aristote
Le bonheur appartient à ceux qui se suffisent à eux-mêmes.
solitude
Même à eux, un dialogue y est nécessaire : entre le soi connu, avide de reconnaissance, et le soi inconnu, inspirateur ou instigateur des connaissances ; l'admiration du bon Narcisse vise autrui.
amour,inconnu,reconnaissance,savoir,soi

aristote
Le solitaire est dieu ou démon.
solitude
Son inspiration, comme son acte, peuvent être ou divins ou diaboliques. « Celui qui est ravi d'être seul est une bête sauvage ou un dieu » - F.Bacon - « Whosoever is delighted in solitude is either a wild beast, or a god ». C'est le seul à imaginer sa tanière sur Olympe. Quand on est les deux, à la fois, on est philosophe (Nietzsche). « Celui qui sait vivre seul ne ressemble en rien à une bête sauvage, en beaucoup - au sage et en tout - à Dieu » - Gracián - «  Aquel que puede vivir solo, no se parece en nada a la bestia bruta, se parece mucho al sabio y se parece en todo a un dios ».
action,commencement,dieu,grandeur,mal,philosophie

aristote
On n'est pas heureux, si l'on a un aspect disgracieux, si l'on est d'une basse extraction, si l'on vit seul.
solitude
Cette philosophie grégaire nous est présentée comme le summum de l'art ! En « vivant caché », je ne rougis plus de mes bosses ni de mes classes, dans un bonheur ou un malheur sans partage, dans les plus déserts lieux.
auteur,bonheur,élite,grâce,honte,mouton,philosophie

pascal b.
Pour vivre seul, il faut être un ange ou une brute.
solitude
Volé chez Aristote. Je renonce aux ailes et aux rauques, me voilà attrapé par la multitude, rampante et glapissante. « La solitude exige une vie d'ange, elle fait périr les malhabiles » - Nil de Sora - « Уединение требует ангельского жития, а неискусных убивает ». Une fois les ailes pliées, l'ange, comme l'albatros, se rapproche dangereusement de la brute ; il est rattrapé par la routine ou par les fins, alors que n'est angélique que le commencement : « L'ange doit déployer ses ailes, pour que Dieu se remette aux obscures pages des commencements » - Rilke - « Nur wenn die Engel ihre Flügel breiten, als ginge Gott im dunklen Buch des Anbeginns ».
ange,auteur,bassesse,commencement,dieu,étoile,maîtrise,mouton,souffrance,vie

souffrance
Les mélancoliques furent autrefois les plus brillants des écrivailleurs, ils nous emportaient vers des lieux sans nom ni date : « Tous les hommes d'exception, les philosophes et les poètes, sont bénéficiaires et victimes de la mélancolie » - Aristote. Aujourd'hui, la mélancolie dépasse rarement l'horizon des petites déceptions des petits amours-propres au milieu des petits événements, où se morfond le gai luron.
art,bassesse,défaite,élite,étoile,mélancolie,philosophie,platitude,poésie

souffrance
On divise les philosophes en ceux qui nous apprennent soit à vivre (agir) soit à mourir (se suicider), la science d'Aristote ou l'art de Socrate. Ils devraient plutôt nous désapprendre toute notion de chaîne : que ce soit vers une vie accumulative (carpe diem) ou vers une vie ou une mort spéculatives (purpose-driven life, ou American way of Death). Pratiquer une culture de la pose et non l'inculture du résultat. Donner un sens au point zéro de la pensée et de la douleur, commencer par une vie intranquille et finir par une mort tranquille. Ne pas oublier, que « la pensée de la mort aide à tout, sauf à mourir » - Cioran. Pourtant on y pensa tellement comme à un aboutissement (au lieu de la vivre comme une contrainte), que même la mort devint impersonnelle : « Oh Seigneur, fais à chaque homme le don de sa propre mort » - Rilke - « O Herr, gib jedem seinen eignen Tod ».
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souffrance
La vraie tragédie n'est ni dans l'éthique (la compassion du moralisateur Aristote), ni dans l'esthétique (le pathos de l'artiste Nietzsche), mais dans le mystique (la passion de notre soi inconnu, inspirateur et créateur d'espérances impossibles).
absurde,art,beauté,bien,espérance,inconnu,mystère,pitié,soi,tragédie

souffrance
Les seuls commencements, dignes d'un philosophe, sont : la souffrance (Dostoïevsky), la noblesse (Nietzsche), le langage (Valéry). Les commencements logique (Aristote), méthodologique (Descartes), dialectique (Hegel) ne sont que des pas intermédiaires et, donc, - insignifiants.
commencement,langue,noblesse,philosophie,science

souffrance
La souffrance et le langage – les seuls sujets d'une philosophie noble (peut-il y en avoir d'autres ?). La sécheresse pseudo-savante d'Aristote, Kant, Hegel les rend indifférents à la hauteur du premier sujet ; leur ignorance langagière leur cache la profondeur du second. D'où la grandeur de Dostoïevsky, de Nietzsche, de Valéry.
grandeur,hauteur,langue,noblesse,philosophie,science

souffrance
La douleur, tôt ou tard, nous frappera, tous. Il faut être idiot, pour suivre la direction, préconisée par Aristote : « Non le plaisir, mais l’absence de douleur, que doit chercher le sage ». La voie épicurienne est plus sensée, mais je leur préférerais, à toutes les deux, des sentiers non-battus, menant au rêve, même si, au bout, m’attend une impasse. On ne se console d’une douleur réelle ni ne devient esclave des plaisirs communs que par un regard sur le rêve non-éteint.
absurde,chemin,consolation,intelligence,mouton,réalité,regard,rêve

souffrance
J’aimerais, que ma parole soit sensible comme une voix, et que ma voix soit aussi intelligible qu'une parole, au point de renverser la distribution de rôles aristotélicienne : « La voix sert à signifier la douleur, et la parole existe en vue de manifester l'utile ».
auteur,mot,utilité,voix

aristote
La souffrance devient belle, quand, au lieu d'être supportée par ton insensibilité, elle est portée par ta grandeur d'âme.
souffrance
Mais on fit plus de progrès en anesthésiants qu'en altimètres, et la beauté devint objet anachronique des fouilles et des ruines. La pire des insensibilités réside non pas dans le corps, mais dans l'âme défaillante. Le bien se dissout dans la loi, le beau s'affadit dans la paix d'âme. Le règne du seul vrai, ce sont les crépuscules de l'homme-poète.
âme,angoisse,beauté,bien,grandeur,poésie,ruines,temps,vérité

vérité
Que l'illusion soit plus vitale que toute vérité se prouve avec la même rigueur à partir des trois démarches : de la représentation (la puissance d'Aristote), de la quête (la poésie de Valéry), de l'interprétation (la noblesse de Nietzsche). Ce qui est curieux - et juste, car ces trois dons ne s'influencent guère mutuellement -, c'est que chacun d'eux voyait dans sa démarche la seule menant à cette vitalité.
esprit,force,interprétation,noblesse,poésie,question,représentation,rêve,vie

vérité
Ils cherchent le néant et la vérité non pas dans la représentation ou le langage, mais dans - la réalité ! On devine une négation mécanique : le vrai et l'être, élevés, depuis Aristote, au grade de perfections, avec l'un et le bien. Mais ni le vrai ni le bien n'appartiennent à la réalité (la seule perfection) : le vrai s'établit dans le langage (deux couches, conceptuelle et langagière, au-dessus du réel), et le bien, condamné à ne jamais quitter son foyer - notre cœur, une chimère immortelle.
bien,cœur,être,idée,inconnu,langue,raison,réalité,représentation

vérité
Le flair de la vérité et son extraction sont deux métiers, incompatibles en théorie et étrangement solidaires en pratique : l'intuition d'une fin, sans préoccupation de chemins, ou bien la poursuite du plus court chemin vers une fin, dont on ignore la véracité. Aristote, en mauvais théoricien, est pour l'équivalence de ces dons : « Le vrai et ce qui lui ressemble relèvent de la même faculté ».
chemin,contrainte,esprit,fraternité,goût,réalité,système

vérité
Le sain souci de nier, avant d'affirmer, semble être une obsession grecque : le non-être mettant en valeur l'être de Parménide, la vérité (aléthéia) émergeant de l'oubli (Léthé) de Platon, la liberté s'opposant à la raison d'Aristote.
être,grèce,liberté,négation

vérité
Tout ce qu'il y a de métaphysique chez l'homme naît des contraintes : la contrainte de la vérité (Aristote) est à l'origine des questions du philosophe, la contrainte du beau produit des réponses de l'artiste, la contrainte du bien nous entoure du silence de l'homme d'action.
action,art,beauté,bien,contrainte,philosophie,question,silence

vérité
Une valeur éthique, le mensonge, ne peut pas être antonyme d'une valeur logique, la vérité. Il est bête de toujours préférer la vérité à la non-vérité (sans parler d'amitié, que trahit si bassement le terne Aristote). Qui ne se réjouirait pas de la non-vérité de l'interrogation Suis-je niais ?
bassesse,intelligence,mensonge,question

vérité
Sans le don poétique, tourner autour de la vérité, comme autour d'une machine à vapeur ou du Code de la route, est condamné à l'ennui et à la routine. Aristote, Spinoza, Kant, Hegel – tout ce qu'ils exposent, lourdement, sur la vérité, et que leurs acolytes remâchent infiniment, ne présente plus aucun intérêt et doit être oublié. Nietzsche et Valéry, deux poètes, si éloignés du clan professoresque, émettent la-dessus des avis autrement plus rafraîchissants. Quant aux avis en marbre, c'est auprès des logiciens et des linguistes, comme Chomsky, qu'il faut les chercher.
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vérité
Le seul point commun de toutes les langues naturelles est la présence lexico-syntaxique de la logique formelle, ce qui confirme l'intérêt du Créateur pour la vérité. Hélas, la saine vision aristotélicienne fut abandonnée par ses successeurs au profit du discours, c'est à dire du bavardage : « Les vérités éternelles sont vraies parce que Dieu les connaît comme vraies » - Descartes.
création,dieu,langue,science

vérité
Je passe, inévitablement, par la tentation du sophisme - un jour je me dirai : je prouve tout ce que je veux. Mais deux constats finissent par m'en éloigner : primo, quand à ma conviction s'ajoute mon adhésion, et la réalité, miraculeusement, s'y plie (aléthéia d'Aristote, adaequatio rei et intellectus de St-Augustin et d'Averroès, verum et factum reciprocantur de G.B.Vico, l'harmonie préétablie dans l'âme entre la représentation et l'objet de Leibniz, ce qui est rationnel est réel de Hegel - was ist wirklich ist vernünftig, la parole va à l'être, car elle en vient de Heidegger - das Wort geht zum Sein weil es vom Sein herkommt), le significatif rejoignant le formel ou s'y refusant dans l'irrécusable perplexité de Zénon d'Élée ; secundo, quand je comprends, que le choix des choses à prouver joue le rôle des contraintes, que ne s'imposent que le bon goût et la noblesse.
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vérité
Le langage, c'est une langue, attachée à une représentation, plus un interprète logique des propositions. Tant d'hommes, tant de langages : les différences des cultures langagières, conceptuelles, scientifiques font de chaque homme une source de vérités, puisque toute vérité surgit des propositions, toute vérité est relative au langage du requêteur. Les vérités absolues n'existent pas, bien que le consensus grandissant dans les représentations élargisse le corpus de vérités communes. Donc, c'est bien Protagoras qui a raison contre Aristote (qui ne voit ni la langue ni la représentation) et Wittgenstein (qui ne voit pas la représentation).
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vérité
Le vrai se construit (un travail synthétique) et le démontrable s'établit (un travail analytique). Donc, soit la démarche anti-platonicienne : de la platitude des faits – à la hauteur des idées, soit la démarche anti-aristotélicienne : de la profondeur d'une hypothèse langagière – à la platitude de la preuve et du sens. Gödel et l'Intelligence Artificielle montrent que le premier travail, la représentation, apporte de plus vastes résultats que le second, l'interprétation.
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vérité
Aristote et Platon, dilettante du vrai et dilettante du bien, sont franchement ignares dans le beau, qu'ils imaginent en tant qu'éclat du vrai ; le beau est une lumière invraisemblable, une source inattendue, une cause nouvelle des effets bienfaisants dans notre âme, un regard néophyte, faisant baisser nos yeux incrédules. Le vrai n'est qu'une représentation, tandis que le Bien est dans la réalité divine et le beau – dans son interprétation humaine.
âme,beauté,bien,dieu,hommes,intelligence,interprétation,réalité,regard,représentation

vérité
Toutes les vérités, qu’Aristote (ou tout autre philosophe) découvrit, sont aujourd’hui de pâles platitudes (et, à l’époque, elles ne furent pas palpitantes non plus) ; et lui, Aristote, les mettait plus haut que l’amitié de Platon ! Et cette trahison de l’âme particulière, au nom d’un esprit commun, continue de sévir dans les cerveaux robotisés.
âme,esprit,mouton,philosophie,platitude,robot

vérité
Plus un homme est noble, plus il s’attache aux rêves indéfendables, irrésistibles et individuels et plus il devient indifférent aux vérités communes, dans les deux sens du mot. Aujourd’hui, presque toutes les vérités politiques, économiques, sociales s’installèrent dans le camp des salauds. Et Aristote n’est pas le seul salopard à trahir l’amitié de son ami, pour rejoindre le troupeau des véridiques ; Camus l’imita : « Si la vérité me paraissait à droite j'y serais ».
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aristote
Une proposition restant absolument la même, tantôt est vraie, tantôt est fausse.
vérité
La proposition, son évaluation et son sens nous renvoient, respectivement, au langage, au modèle et à la réalité. On peut modifier l'un, sans toucher aux autres. Un interprète extrait le vrai (et des substitutions), du couple proposition-modèle, un autre - le sens, du couple substitutions-réalité.
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cocteau j.
Le poète est un mensonge, qui dit toujours la vérité.
vérité
« La poésie est la conscience de sa vérité » - Mandelstam - « Поэзия есть сознание своей правоты ». Le poète a toujours raison ( J.Ferrat), ou il a des raisons, que les autres ignorent. « Tout mon pas est mensonge, mais c'est la vérité qui me met en marche »** - Dostoïevsky - « Пусть это лжи, но движет нас правда ». L'art est invention de nouvelles grammaires ; pour qui l'ignore, la nouvelle poésie est une erreur ; pour qui s'en enivre, la vérité est adhésion. Ex vero quod licet ; ex falso quod libet ! Le poète falsifie le mensonge avec tant de liberté et d'autorité, qu'on y adhère. Avoir une conscience de poète, « s'élevant forcenément dans le Rêve, proclamant devant le Rien, qui est la vérité, ses glorieux mensonges » - Mallarmé. Un beau mensonge est une vérité enivrante, un mentir-vrai (Aragon), me mettant en danse, en transe : « Si la vérité ne vous enivre pas, n'en parlez point » - J.Green. Aristote fut le premier à préférer une vérité prosaïque à l'amitié d'un poète - l'une des premières goujateries des raisonneurs.
création,danse,erreur,liberté,mensonge,poésie,religion,rêve,style
Aristote