Derrida J.
 
 
 

action
Le contraire de ce qui arrive (à partir des choses - Wittgenstein et Derrida) est ce qui jaillit (à partir du sujet). L'inconscient, mystérieux et servile, ou le sujet en possession de son soi. Le malheur du premier est la proximité des choses ; le malheur du second est l'oubli du mystère, la fusion avec les problèmes.
maîtrise,mystère,philosophie,proximité,soi

art
Un écrit vaut par ce qui reste, une fois effacées les traces visibles provenant de la mémoire ou de la géométrie (il ne resterait que les « traces de l'absence » - Derrida). Mais à notre époque infovore et vidéosphérique, ne survivent que des narrations conformes au format BD (Bases de Données ou Bandes Dessinées).
discursif,mémoire,modernité,platitude,raison

art
Un chemin d'accès devient métaphore, par la substitution aux mots - des objets de la représentation. Une opération que certains identifient avec la philosophie : « La philosophie est effacement du signifiant et désir de l'être dans son éclat » - Derrida - la métaphore serait l'éclat de l'être ! D'autres accès ne seraient que des axiomes. Je finirais par me reconnaître phénoménologue (Dieu m'en garde !) : « Pensée phénoménologique ? Quand une idée n'arrive pas à se séparer des voies qui y mènent » - Levinas.
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art
Ni confession ni testament, prosaïquement réalistes, mais commencement, poétiquement inventé, - telle devrait être l’essence d’un vrai art. « Tout graphème est d’essence testamentaire » - Derrida – quand on ne se soucie que de ses héritiers, on peut être sûr de sa déshérence.
commencement,création,être,mort,réalité,style

derrida j.
L'aphorisme n’est ni une maison, ni un temple, ni une école, ni un parlement, ni une agora, ni une tombe. Ni une pyramide ni surtout un stade. Quoi d’autre ? Il fait signe vers la mémoire d’une totalité, à la fois ruine et monument.
art
Il est une noble ruine, gardant le souvenir de la profondeur des souterrains et de la hauteur des colonnes.
hauteur,maxime,mouton,ruines

doute
Dans ma Caverne du nécessaire, la lumière du possible me fait admirer les ombres de l'impossible. À R.Char, l’impossible sert de lanterne ; à Derrida - de matériau : « La seule invention possible, l'invention impossible ».
absurde,auteur,création,matière,nécessité,ombre,ruines,voix

doute
Nietzsche et Heidegger sèment des inconnues à profusion, unifiables avec l'art ou avec la vie, – un vrai régal pour tout herméneute. Mais quel sens peut avoir un commentaire sur tous ces Foucault, Deleuze, Derrida, Ricœur, où il n'y a que des constantes ? - écrits sur écrits sur écrits.
arbre,philosophie

hommes
La définition cartésienne des animaux, en tant que machines, est étendue, aujourd'hui, à l'homme. Tant que l'injustice ou l'irrationnel hérissait le paysage humain, l'homme avait une chance d'échapper à la mutation en machine. Tous les Descartes modernes abandonnèrent cette ultime réticence et déclarèrent la justice - terrain non-déconstructible (Derrida) et même le seul. La honte des sens et l'ironie du sens - les seules facettes humaines, que la machine ne reproduira jamais ; quant au reste, Valéry a raison : « Le modèle Machine doit être pris comme base du système Homo ».
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goethe j.-w.
Das Erste steht uns frei, beim Zweiten sind wir Knechte.

N'est libre que ton premier pas, mais du second tu es l'esclave.
hommes
Le vrai premier n'a pas de second ; il est lui-même le dernier : « La singularité de toute première fois en fait aussi une dernière fois. Appelons cela une hantologie » - Derrida. La hantise de l'intensité, ou l'art de mise à zéro des compteurs vitaux, nous rendent libres de leur inertie.
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intelligence
Le fondement d'un nouveau regard philosophique ne peut être ni logique (Spinoza et sa mathématique), ni dialectique (Hegel et sa synthèse), ni métrique (Nietzsche et sa transvaluation), ni psychanalytique (Freud et sa perversion), mais presque exclusivement métaphorique (Derrida voit en philosophie  : « une théorie de la métaphore »*** ! ). C'est pourquoi toute création, en philosophie, n'est que d'ordre poétique. Et le sujet en relève au même degré que l'objet : « L'homme est une métaphore de lui-même »** - Paz - « El hombre es una metáfora de sí mismo ».
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intelligence
Des jeux pseudo-logiques avec des concepts tirés au hasard des soutenances de thèses, en psychologie ou en physiologie, ce charabia insipide de la professoresque clanique, s'attachant, au gré des modes, au rationaliste le plus absolu, au charlatan de Vienne ou au dingue de Turin, mais sans leur talent, dans cette niche logomachique alimentée par Husserl et Heidegger, Sartre et Badiou, où l'on refuse à Pascal, Voltaire ou Valéry le titre de philosophe, que s'arrogent tous ces arides pontifes de faculté Barthes, Foucault, Deleuze, Ricœur, Derrida. Siècle de Dozenten et d'agrégés !
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intelligence
Pourquoi le savoir fait de nous des Faust blasés ? Parce que la joie est dans le jaillissement du plaisir, et lorsque celui-ci se met à découler, on cherchera en vain d'en boucher la source. L'amateur de belles houles du regard se noie dans les mares de l'écho. « C'est quand il n'est pas possible de savoir ce qu'il faut faire qu'une décision est possible » - Derrida - la décision-rythme s'opposant à la décision-algorithme.
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intelligence
En philosophie, plus on est bête, plus on tient à la scientificité et plus on succombe au bavardage et au verbiage. Les phénoménologues – Husserl, Sartre, Derrida - présentent l'exemple le plus flagrant de cette dérive ahurissante. Et ils combattent les crises, défient le néant, appuient les réductions, dans une logorrhée irresponsable et incontrôlable.
langue,philosophie,science

mot
Tout mot, renvoyant à un concept, aurait dû être accompagné d'une liste de concepts antonymes, pour que nos interprétations soient sensées (l'affirmation ne valant que par ce qu'elle nie…) ou efficaces. Dressez cette liste interminable, pour penser et être, et vous vous rendrez compte du creux béant du cogito. Et la notion de différance de Derrida y est la bien-venue, elle serait « un tissu de différences », à la base d'un discours bien bâti.
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mot
Des perles types des tenants de chaires : « L'en-soi n'a pas à être sa propre potentialité sur le mode du pas-encore », « L'essence du posé-là est ce qui se tient rassemblé en soi-même, et qui entrave par l'oubli la vérité de son propre advenir à la présence », « L'histoire de l'être comme présence à soi dans le savoir absolu est close » ou encore « La philosophie s'enracine dans ce lieu insituable : la différence entre la structure mineure, nécessairement close, et la structuralité d'une ouverture ». Et personne n'ose éclater de rire. Ce n'est pas de l'obscurité poétique à la Héraclite, c'est la gratuité des combinaisons aléatoires et mécaniques de termes indéfinissables, et qu'un ordinateur cracherait par milliards, suivant un banal algorithme syntaxique.
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mot
La langue, ce sont des matériaux de construction, plus les normes de leur résistance ; le discours personnel, c'est l'Å“uvre d'un architecte, bâtie sur ses représentations, face aux exigences de la réalité ; la langue ne peut avoir de relations algébriques qu'avec des représentations, et donc toute idée d'un isomorphisme quelconque entre la langue et la réalité (Wittgenstein) est une pure absurdité. Et lorsque la langue suit de trop près la représentation, disparaît toute créativité de l'ange et s'installe le mal de la bête : « Le mal radical - la chute du langage dans la représentation »** - Derrida.
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mot
Les paradigmes cognitifs – classes, relations, événements, modalités, hypothèses, scénarios – déterminent et les représentations et les interprétations de toutes les sphères de la réalité. La langue naturelle possède une grammaire générale, indépendante de ces sphères, mais elle s’adapte à chaque sphère par un lexique, des tournures verbales, et l’interprétation de cette version langagière dépend, syntaxiquement, de la grammaire et, sémantiquement, – de la représentation de cette sphère. Ainsi, l’organisation des connaissances d’une sphère ne dépend presque pas du langage, et presque exclusivement – de la représentation. J.Derrida a tort : « Le langage est la structure des structures ».
concept,interprétation,langue,réalité,représentation

mot
La bonne écriture, pour mieux garder sa face, gomme sa trace (sacrifice de la profondeur-pesanteur au bénéfice de la hauteur-grâce) ; elle se concentre dans la brisure du pointillé. Le désert de l'écriture hors pistes garde les mirages, ces jardins des mots, où l'on chutait, priait, expirait. « L'écriture se déplace sur une ligne brisée entre la parole perdue et la parole promise… Le jardin est parole, le désert - écriture » - Derrida.
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hölderlin f.
Weil ich anfangslos mich fühle, darum weiß ich, daß ich endlos bin.

Je sais, que je suis sans fin, puisque je me sens sans commencement.
noblesse
Celui atteint la plus grande hauteur qui sait, que ni le premier ni le dernier pas ne lui appartiennent. « Le dernier mot revient toujours à de la non-maîtrise » - Derrida. De fermes contraintes assurent l'élasticité du but : « Le fond que tu peux atteindre n'est jamais le vrai fond » - Lao Tseu.
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proximité
Le regard, c'est la vue, remplie de mon visage, de mon étonnement, de mes caresses, c'est le toucher intuitif guidant le goût réflexif : « La philosophie du regard s'accomplit dans un remplissement tactile de l'intuition » - Derrida.
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proximité
Pour Ses créatures, Dieu ne serait ni but ni contrainte, mais - un moyen ; moyen d'aimer, par la foi, cette merveille de vie. St-Augustin m'aurait accusé d'hérésie : « Les bons usent du monde, pour jouir de Dieu ; les mauvais, pour jouir du monde, veulent user de Dieu » - « Boni quippe ad hoc utuntur mundo, ut fruantur Deo ; mali ut fruantur mundo, uti volunt Deo ». Mais dans Sa création, Dieu ne formulait, peut-être, que des contraintes : « La différence est peut-être plus vieille que l'être » - Derrida.
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proximité
Au commencement était le couple l'Amour - la Haine (Empédocle), la Monade (Pythagore ou Leibniz), l'Apparence (Pyrrhon), l'Idée (Platon), le Verbe (le Christ), l'Action (Thomas l'Aquinate, Goethe, après avoir opté pour le Sens et la Force, Valéry, avant de lui préférer l’Étrange, Proudhon), la Violence ou la Lutte (Pascal ou Darwin), le Soupçon (Marx et sa Classe, Freud et sa Perversion, Nietzsche et sa Musique, Berdiaev et sa Liberté), la Donation (Gegebenheit de Heidegger), l'Étrange (à partir des fantômes et spectres : « Shakespeare genuit Marx, Marx genuit Valéry » - Derrida). Chacun au commencement de sa discipline : l'Idée (le Nombre, la Monade, la Force) - pour représenter le mystère, le Verbe (l'Amour, le Sens, la Donation) - pour formuler les problèmes, l'Action (la Haine, la Lutte, le Soupçon) - pour tester les solutions, la Perversion et l'Étrange - pour confondre ou embellir les passages de l'un à l'autre de ces trois niveaux.
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derrida j.
L'URSS, patrie sans racines, nation sans nature.
russie
On refuse souvent les racines et la qualité des paysages à ceux qui aspirent à l'arbre ou au climat. L'arbre russe, si hérissé d'inconnues non-unifiables, ne promet de rencontres fécondes que dans les racines : « La Russie la plus profonde ne fit que retomber au niveau des racines et, dans ses ténèbres, s'apprête à affronter un avenir lointain » - Rilke - « Das tiefste Rußland ist nur in die Wurzelschicht zurückgefallen und nimmt sich in seinem Dunkel zu einer fernen Zukunft zusammen ».
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solitude
Les ruines, c'est toute construction à toit ouvert, prévue non pas pour un séjour, mais pour une hantise ; même un puits ou un pont peuvent l'être : « Vivre, c'est dresser des ponts au-dessus des fleuves, qui n'existent plus » - G.Benn - « Leben ist Brücken schlagen über Ströme die vergehen ». Hantologie serait le nom, donné par Derrida à ce respect de spectres.
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derrida j.
J'appelle l'avant-premier pas le désert dans le désert.
solitude
Il faut avoir cru au révélé dans le désert pour oser placer, dans le désert au carré, le révélable. Dans mes abîmes de solitude, la nuit du premier pas me suffit ; je ne recule plus, pour garder le scintillement des étoiles, qui me promettent la nuit de la nuit, l'exil dans l'exil - du dernier pas. La solitude me détache de la marche, me mets face au degré zéro du visible et à l'infini de l'invisible, les deux - inentamés. Et, grâce au culte des commencements, elle a la vertu de nous conserver neufs.
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vérité
La quête de la vérité de modélisation ayant pour but l'adéquation avec la réalité, ou bien la vérité résultant de l'évaluation d'une re-quête dans le contexte d'un modèle. Le charlatanisme ou l'imposture sont aux origines respectives de ses deux vérités, qui s'ignorent. Les moins exigeants des chercheurs de la vérité l'identifient même au simple fait d'être raisonnable : « La vérité du don suffit à annuler le don » - Derrida.
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Derrida J.