Koestler A.
 
 
 

dostoïevsky f.
В отвлечённой любви к человечеству любишь почти всегда одного себя.

Dans un amour abstrait de l'humanité tu n'aimes, en général, que toi-même.
cité
Il semblerait qu'aimer l'homme soit pire : « Aimer l'individu, c'est de la barbarie » - Mérejkovsky - « Любовь к одному есть варварство ». S'aimer veut dire se fouiller. Aimer les autres veut dire les prendre tels quels. Privilégions la recherche au détriment de l'ondoyance, c'est-à-dire de l'indifférence. « Je plaide coupable d'avoir placé l'idée de l'homme au-dessus de celle de l'humanité » - Koestler - « I plead guilty to having placed the idea of man above the idea of mankind ». Il vaut mieux s'attacher, soi-même, au banc des accusés et s'y aimer ou aimer l'humanité entière.
amour,hommes,honte,platitude,soi

doute
Une âme vit de ses soifs à ne pas assouvir et de ses vides à ne pas remplir. « Il y a dans toute âme vivante un vide et une profonde soif » - Koestler - « There is a vacancy in every living soul, a deep thirst in all of us ». Seules les âmes mortes débordent de certitudes, mais leur satiété est peu profonde.
âme,ennui,intensité,mort,soif,vide

intelligence
Tout ce qui doit être compris, peut être méprisé - vouloir une source intarissable de l'incompréhensible, c'est tenir à garder la capacité de vénérer. « Tout comprendre, c'est tout pardonner » - Tchékhov - « Всё понять - всё простить » - c'est tout mépriser ! Mais « celui qui comprend et pardonne - où donc trouvera-t-il un mobile d'action ? » - Koestler - « he who understands and forgives - where would he find a motive to act ? ».
amour,esprit,haine,inconnu,pitié,raison

ironie
D'après nos expériences terrestres, l'Auteur du bel univers doit être un personnage sans charme. « Rencontrer un auteur, dont on admire l'œuvre, est comme manger du foie gras et ensuite vouloir rencontrer l'oie » - Koestler - « To meet an author because you have admired his work is as to want to meet a goose because you like pâté de foie gras ». Les gourmands seraient déçus comme les gourmets : « Certains aiment des livres, mais détestent les auteurs ; rien de surprenant : qui aime le miel, n'aime pas forcément les abeilles » - Wiazemsky - « Иные любят книги, но не любят авторов - и не удивительно : кто любит мёд, не всегда любит пчёл ». En gastronomie ou en astronomie, on n'est pas guidé par le même appétit.
amour,art,création,dieu,étoile,étonnement,réalité

ironie
Un échantillon d'américanismes :
« Dans l'enfant, éclate le mensonge du sage, tel un tuyau : le froid fait naître l'image » - W.Auden - « In the child, the rhetorician's lie bursts like a pipe : the cold had made a poet ».
« Le poète est un plongeur muni d'un tube respiratoire » - Koestler - « the poet is a diver with a breathing tube ».
« Les clous se divisent en clous forgés et en clous découpés, l'humanité peut être soumise à pareille distinction » - Melville - « as nails are divided into wrought nails and cut nails ; so mankind may be similarly divided ».
« Trois mots juxtaposés irradient une énergie, qui emplit les cônes, que seul le génie peut comprendre » - E.Pound - « three words in juxtaposition radiate energy which fills the cones, which nothing short of genius understands ».
« La souffrance est le mégaphone de Dieu, pour réveiller le monde engourdi » - S.Lewis - « Our pains are God's megaphone to rouse the deaf world ».
amérique,dieu,enfance,filtre,mensonge,platitude,poésie,robot,souffrance,vie

mot
Le seul degré de création, qui nous soit accessible, est la traduction. Du lisible (l'interprétation ou la parodie) ou de l'illisible (la transmutation ou la métamorphose), mais toujours dans une langue des mots. « La véritable créativité commence souvent là où s'arrête le langage » - Koestler - « True creativity often starts where language ends ». La langue d'idées n'appartient qu'à Dieu de la médiation. Là où s'arrête le langage s'arrête la création, mais peut se mettre en branle la créativité.
commencement,création,dieu,filtre,idée,inconnu,interprétation,langue,platitude

souffrance
Ce ne sont ni l'espoir ni le désespoir qui composent le chant le plus beau, mais un duo entre le zéro et l'infini (darkness at noon de Koestler) du regard. Tantôt ils s'annihilent, tantôt se substituent, tantôt se confessent. Le désespoir est le maître, nous apprenant le chant, l'espoir en est l'élève.
beauté,danse,espérance,inconnu,maîtrise,regard,tragédie
Koestler A.