| action | | | Le rêve, immobile et inexistant, se prête bien à l'impératif d'ordre musical ; le réel, lui, peut se vautrer dans l'indicatif d'ordre mécanique et sans tonitruances ; et puisqu'on ne peut donner de sa propre voix qu'en s'adressant au rêve, on a raison de dire, que « le visage, c'est de nous affecter non pas à l'indicatif, mais à l'impératif » - Levinas. | | | | |
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| action | | | Pour le soi inconnu, être veut dire demeurer, et pour le soi connu - faire ; l'impossibilité d'une traduction fidèle de l'un vers l'autre (« la nausée, l'impossibilité d'être ce que l'on est » - Levinas), est à l'origine de nos tragédies ou de nos hontes. | | | | |
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| amour | | | Deux amoureux, deux solitaires s'enivrant de leur inaccessibilité. Et Rilke : « L'amour, c'est ceci : deux solitaires se protégeant, s'effleurant » - « Das ist Liebe : daß sich zwei Einsame beschützen und berühren » - les rend trop impatients. « Entre tes bras, ma solitude commence » - Berbérova - « Одиночество моё начинается в твоих объятьях ». C'est dans la solitude qu'on subit souvent l'invasion des autres ; reste avec moi, pour que je garde ma solitude, - dit-on à son meilleur ami. Seul l'amour fait entrevoir aux hommes d'aujourd'hui le mystère de la solitude, et non plus, comme jadis, l'inverse : « L'incommunicable solitude nourrit l'amour » - Levinas. | | | | |
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| amour | | | Dans la découverte de l'inattendu, la lumière a une fausse réputation. Pour accéder aux mystères, on a besoin d'obscurité, où se procurent les plus chaudes des caresses. « La caresse ne sait pas ce qu'elle recherche. Elle est faite de l'accroissement de faim »*** - Levinas. | | | | |
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| amour | | | La basse liberté consiste à refouler ses passions et à ne suivre que ses intérêts ; pour les hautains, « la liberté est sensibilité » - Valéry. On ne prouve sa haute liberté qu'en agissant contre la voix de la basse raison ou en acceptant une haute servitude ; la liberté est un désordre, salué par l'âme ; les robots professent le contraire : « La liberté consiste à instituer hors de soi un ordre de raison » - Levinas. L'acte, appuyé sur le seul calcul et derrière lequel ne palpite aucune sensibilité, ne peut être libre : « Aimer et haïr, les deux choses les plus libres au monde »** - Sénèque - « amare et odisse, res omnium liberrimas ». | | | | |
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| amour | | | Les yeux perçoivent le réel, les regards conçoivent l’idéel. Le regard, porté par le mystère, s’appelle caresse. « La caresse est marche vers l’invisible »* - Levinas. | | | | |
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| amour | | | Le mystère est voué à l’inconnu, et seul ton soi inconnu peut y avoir accès. Quelque chose de sacré traîne toujours au voisinage de tout mystère ; c’est pourquoi dévoiler celui-ci relève d’une profanation, comme la caresse érotique est une profanation de la pudeur. « Le mystère ne peut être connu que dans la profanation » - Levinas. | | | | |
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| art | | | L'un des auteurs les plus plébéiens est Proust : on remplace, chez lui, le mot duchesse par caissière, dîner - par beuverie, souffrance - par gueule de bois, pensée - par rigolade, et l'on peut laisser le reste en place, aussi cohérent que vulgaire. Le taux de goujats est le même dans les hôtels particuliers et dans les chaumières ; ce n'est pas la possession, mais la hantise ou la prière, qui adoubent l'aristocrate ; seul, dans son château en Espagne, ou invitant ses glorieux ancêtres, de sang ou de verbe, dans ses ruines. Ahurissant, le nombre et la qualité des dupes que ce cornichon emberlificota : « Proust : la qualité aristocratique de ses sensations » - Levinas. | | | | |
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| art | | | Un chemin d'accès devient métaphore, par la substitution aux mots - des objets de la représentation. Une opération que certains identifient avec la philosophie : « La philosophie est effacement du signifiant et désir de l'être dans son éclat » - Derrida - la métaphore serait l'éclat de l'être ! D'autres accès ne seraient que des axiomes. Je finirais par me reconnaître phénoménologue (Dieu m'en garde !) : « Pensée phénoménologique ? Quand une idée n'arrive pas à se séparer des voies qui y mènent » - Levinas. | | | | |
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| art | | | Devenir regard – se sentir créateur des choses vues, un état intellectuel, proche de l'inspiration des poètes. « Inspiration : cette intrigue de l'infini, où je me fais l'auteur de ce que j'entends »* - Levinas. | | | | |
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| art | | | La bonne hiérarchie d’artiste : le Beau de l’âme - au-delà du Bien, le Bien du cœur – au-dessus de la Vérité de l’esprit. L’artiste complète le philosophe : « La place du Bien, au-dessus de l’essence est l’enseignement définitif de la philosophie » - Levinas | | | | |
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| joubert j. | | | En littérature, aujourd'hui, on fait bien la maçonnerie, mais on fait mal l'architecture. | | | | |
| | art | | | Rien ne danse plus dans cette lugubre marche du siècle. Cette bruyante littérature ignore la musique. « L'architecture fait chanter l'édifice » - Levinas. La salle-machines se substitua à la tour d'ivoire. | | | | |
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| bien | | | La honte précède toute prise de décision (hypo-crisie ! ) et se mue, à la fin, en conscience trouble, chez l'homme libre et conscient, ou en bonne conscience - chez l'esclave insensible. « La honte est un mouvement de sens opposé à la conscience » - Levinas - conscience psychique ? conscience morale ? C'est la conscience interne, et non pas le fait externe, qui reflète et incarne - je dirais même - crée ! - le Mal. | | | | |
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| bien | | | La liberté éthique se découvre dans la résignation de mon soi connu de porter une souffrance sacrificielle, que me souffle mon soi inconnu, source de tous les mystères : du Bien, de la création, de la beauté. « Le retournement du moi en soi, le désintéressement en guise de vie, un soi malgré soi comme possibilité de souffrance »* - Levinas. | | | | |
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| bien | | | Tant d'ombres de Dieu, dont on ignorera à jamais la lumière originaire ; mais le Bien est la seule lumière de Dieu, ne jetant aucune ombre perceptible. « Croire en Dieu : croire au Bien, sans s'appuyer sur aucun événement »** - Levinas. | | | | |
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| bien | | | Mes vecteurs restent au fond de mon soi inconnu, et mes valeurs se forment par l’activisme extérieur de mon soi connu. Seul le Bien semble sortir de cette dichotomie : « Le fait éthique ne doit rien aux Valeurs » - Levinas. | | | | |
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| bien | | | On ne peut pas suivre le Bien, toujours indicible, toujours incompréhensible, on ne peut que lui reste fidèle : « La bonté me revêt dans mon obéissance au Bien caché » - Levinas. | | | | |
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| cité | | | Le révolutionnaire voudrait, que tout faible pût compter sur la solidarité du fort. « Pour que, si, tombé, tu cries : Camarade ! - la Terre entière se penche sur toi » - Maïakovsky - « Чтоб вся на первый крик : - Товарищ ! - оборачивалась земля ». Mais aujourd'hui, où l'indifférence ne gêne en rien le fonctionnement de l'homme robotisé, celui-ci rejoint le cimetière avec la même paix d'âme que son bureau. Le problème se simplifia, depuis que l'homme devint mouton raisonneur ou robot raisonnant. Et il existeront des préposés aux défaillances, pour que la Terre, en toute bonne conscience, puisse continuer à vaquer à ses saloperies, sans tourner la tête. Qui encore peut dire que « autrui n'apparaît pas au nominatif, mais au vocatif » - Levinas ? | | | | |
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| levinas e. | | | La faim d'autrui réveille les hommes de leur assoupissement de repus et les dégrise de leur suffisance. | | | | |
| | cité | | | Les repus sont en éveil et houspillent le songeur pour son insuffisance. | | | | |
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| doute | | | Le soi inconnu, celui qui veut, et le soi connu, celui qui peut, heureusement s'ignorent ; le premier insuffle le langage de rêves, le second le traduit en langage d'images et de mots ; l'âme, qui porte le regard, et l'esprit, qui peint les choses vues. « Cette étrangeté de soi à soi, qui est l'aiguillon de l'âme » - Levinas. | | | | |
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| levinas e. | | | Le visage est le mystère de toute clarté, le secret de toute ouverture. | | | | |
| | doute | | | Cette clarté foudroyante est invisible, et ce paisible mystère nous crève les yeux. Le seul objet, où l'on n'ait aucune envie de lui substituer une abstraction ou de le revivre en rêve. Le regard n'y sert à rien ; seuls les yeux en touchent le fond ; l'aveugle ne peut pas être un Ouvert. La tragédie de la création : on est visage, mais on n'a que des mots. | | | | |
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| hommes | | | Avec la propagation de l’horizontalité des goûts, des regards, des élans, aucune altérité enthousiasmante n’est plus possible, on est dans l’Un, multiplié à l’infini. Qui comprendrait aujourd’hui Levinas : « Autrui surgit dans la dimension de la hauteur ». | | | | |
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| intelligence | | | Oui, la mathématique est le meilleur candidat pour servir d'ontologie ; des synthèses philosophiques devraient davantage s'inspirer de l'analyse mathématique, qui, entre autres, fournit le concept d'infini (et même bâtit une hiérarchie de cardinalités infinies), tout à fait opératoire et élégant face aux puériles et bancales notions de l'être ou de l'Un, pour « affirmer la priorité de l'idée de l'infini par rapport à l'idée de l'être et par rapport à l'ontologie »** - Levinas. | | | | |
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| intelligence | | | La rétine est là, avant que la première lumière ne pénètre notre œil ; le goût est là, avant que la première friandise n'effleure notre palais ; de même, la relation avec l'Autre est là, avant que la première fraternité ou la première animosité ne naissent ; l'intentionnalité est une fumisterie ; avant tout jugement, le juge est déjà en nous ; l'étant hérite tout de l'être, sauf les accidents. « Le visage a un sens, non pas par ses relations, mais à partir de lui-même »* - Levinas. | | | | |
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| intelligence | | | La représentation, dépourvue de la dimension temporelle, est ce que les professeurs appellent l’Être. « La position d’un pur présent, sans attache, même tangentiel, avec le temps est la merveille de la représentation » - Levinas - c’en est plutôt la lacune. L’introduction du temps fait de la représentation la demeure du Devenir ; l’Être serait l’état de cette représentation mouvante à un moment fixe. | | | | |
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| ironie | | | Le littérateur confond les perceptions d'avec les images, le philosophe - les images d'avec les représentations (« La rationalité consiste à pouvoir passer de la Représentation au Concept » - Levinas), seul l'informaticien représente le monde des perceptions et des images - en concepts. | | | | |
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| levinas e. | | | L'homme est l'être, pour qui, dans son être, il y va de son être même, qui a à saisir son être. | | | | |
| | ironie | | | Quand on tombe, pour la première fois, sur ce genre de sagesse, on admire l'audace verbale du poète ; la dixième - on respecte l'obsédé par ce vocabulaire pittoresque ; la centième - on bâille devant le raseur ; la millième - on rit à la barbe du sot. Plus près des rues d'Ulm ou St-Jacques ils se trouvent, plus inconscients ils sont de leur ridicule. | | | | |
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| mot | | | Dans ma langue maternelle, les mots résultent de deux courants opposés, mais équilibrés : je l'écoute et je la fais parler. « L'arbre, au lieu de se dissoudre en représentations, peut me parler et susciter une réponse » - Levinas. Une langue étrangère est souvent, hélas, muette, et je la mets sous question et je cherche à faire passer ses aveux pour spontanés et sincères. Comment m'enraciner dans une langue, qui ne connaît pas mon enfance ? - et sous une torture verbale puis-je espérer une éclosion florale ? | | | | |
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| mot | | | Les chemins d'accès à l'objet sont très loin du réel, de l'être et même de la représentation ; ils sont un phénomène stylistique, mettant à l'épreuve nos goûts et nos interprètes mentaux, ils reflètent le regard du sujet. Dire que « l'accès à l'objet fait partie de l'être de l'objet » (Levinas), c'est reconnaître la misère de la vision phénoménologique du langage, vision ignorant le regard. | | | | |
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| mot | | | L'esprit, c'est l'invocation d'objets et de relations, c'est à dire de concepts pré-langagiers ; les mots y sont des contraintes du même ordre que la rime ou le syllabisme - pour la poésie ; mais les belles contraintes sont à l'origine d'une belle liberté : « Toute parole est déracinement. L'esprit est libre dans la lettre et il est enchaîné dans la racine » - Levinas - un arbre, pour être à moi, doit-il pousser dans un exil, du désert ou de la montagne, de la solitude ou de la hauteur ? | | | | |
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| mot | | | Dès que le mot est maîtrisé, des idées accourent, naissantes, non invitées, soudaines, surprenantes. Au-delà des mots et des idées, les écolâtres voient leur idole verbale - l'être. Si celui-ci existe, il ne serait certainement pas mieux rendu par des idées en bronze que par des brisures des mots. Et je n'ai jamais vu « la pensée de l'être se muer en être de la pensée » - Levinas - à moins que l'être de la pensée à naître soit le mot bien né. | | | | |
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| mot | | | Au stade pré-langagier, dans la pensée se cristallisent les sujets et les objets (leurs chemins d'accès), les modalités (devoir, vouloir, pouvoir), la logique (les connecteurs, les quantificateurs, la négation) ; l'enveloppe langagière se forme comme résultat de deux mouvements opposés : de la pensée encore inarticulée et de la langue déjà accueillante. « L'essence du langage : une pensée reçue du dehors » - Levinas – ce dehors concerne la langue et non pas le sujet, les phénoménologues et les philosophes analytiques obtus ne le comprendront jamais. | | | | |
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| mot | | | Que ton écrit évite de répéter le dit des autres ; mais qu’il engendre un dit nouveau. Rien d’inouï n’existe plus pour le contenu de ton écrit ; le nouveau n’y surgira qu’à travers la forme. Si aucune musique ne naît de ton écrit, il rejoindra le plat silence du monde. N’écoute donc pas les savants : « Langage de l’inaudible, langage de l’inouï, langage du non-dit. Écriture ! » - Levinas. | | | | |
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| noblesse | | | La Multiplication dans l'étendue, la Transfiguration dans la profondeur, l'Épiphanie dans la hauteur - la géométrie terrestre y est fausse, la géométrie céleste - juste. L'autre, trop paternel ou trop lointain, ou « l'épiphanie dans la mesure de la proximité de l'un par l'autre » - Levinas. | | | | |
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| noblesse | | | La patrie sert aux têtes soporifiques pour se sentir bien chez soi, aux têtes nostalgiques - pour justifier, faussement, leur sensation, ou plutôt leur besoin, de déracinement et d'exil. « Hors de tout enracinement et de toute domiciliation ; apatridie comme authenticité ! »*** - Levinas. | | | | |
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| noblesse | | | Ce qui mérite notre admiration aurait dû renoncer aux évolutions et preuves et se fonder sur la seule intensité métaphorique couronnant l'éternel retour : « On peut réduire toute valeur suscitant une pulsion à une pulsion suscitant une valeur »** - Levinas. | | | | |
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| noblesse | | | Les yeux ouverts pour mieux maîtriser les choses, ou les yeux fermés pour mieux s'abandonner au rêve. Le regard sur ou le regard de ; le premier consolide l'esprit, le second illumine le visage ; la racine ou la cime de ma personnalité, de mon arbre. « La majesté du visage sans regard » - Enthoven – sans le premier, oui, mais avec le second ! « Arbre – la verticale la plus insolente, majesté de verticale » - Levinas. | | | | |
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| proximité | | | Quand la proximité est maintenue par le contact des épidermes, on peut ignorer les plaies du cœur de l'autre. Mais quand s'entrelacent, à une distance infinie, les cœurs, le moindre attouchement par l'autre parle bonheur ou souffrance. Le meilleur usage d'une proximité naissante doit être la sauvegarde de la distance : « Éros, où, dans la proximité de l'autre, est maintenue la distance, dont le pathétique est le fait de cette dualité »*** - Levinas. | | | | |
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| proximité | | | Ton soi connu mesure les distances, ton soi inconnu crée les proximités. La mesure rassure, la création émeut. « La proximité n'est pas un état, un repos, mais une inquiétude, un non-lieu » - Levinas. La vraie proximité est divine ; on ignore la source et la finalité de son attirance. | | | | |
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| proximité | | | Je ne sais pas si Dieu ou mon soi inconnu ont un esprit ; ce qui est certain, c'est qu'ils n'ont pas de visage ; et c'est ce qui les rend parfaits destinataires de mon écrit, car au lieu des affirmations, il parlera requêtes – arbres ouverts à l'unification suprême. « La question du penseur est la question de l'élève » - Levinas. | | | | |
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| proximité | | | Avec la robotisation des actions, des pensées, des sentiments, la relation de proximité devint parfaitement symétrique ; seuls les rêveurs ont encore des mesures propres, pour constater « l’asymétrie absolue de la proximité » - Levinas. | | | | |
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| proximité | | | Tous les mystères de Dieu se logent dans la profondeur de la matière et de l’esprit ; il ne sert à rien de Le chercher, et encore moins de Le trouver, en hauteur. « La curiosité et l’insensibilité au mystère se manifestent là où il faut baisser les yeux » - Levinas. | | | | |
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| levinas e. | | | Que la proximité soit plus précieuse que le fait d'être donné, n'est-ce pas là la hauteur de la religion ? | | | | |
| | proximité | | | La proximité verticale, à l'opposé du savoir et du donné, est à l'origine de ces choses incompatibles et inexplicables que sont l'amour, la noblesse, la foi. | | | | |
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| russie | | | Non, Staline n'était pas dans Lénine, ni Lénine dans Marx. Armés d'une belle idée, un satrape asiate, un tribun cosmopolite, un penseur européen se transforment fatalement en garde-chiourme féroce, face à la hideuse réalité des hommes - « la dégénérescence de la générosité en stalinisme » - Levinas. | | | | |
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| russie | | | Une curiosité géopolitique : sur les terres de mon pays natal naquirent Prométhée, Médée, Avicenne, Tamerlan, Hamann, E.T.A.Hoffmann, Kant, Chopin, Conrad, Salomé, G.Cantor, D.Hilbert, Chagall, R.Jakobson, H.Hesse, R.Gary, Celan, Koyré, Kojève, Levinas. | | | | |
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| solitude | | | Cultiver l'âtre, au milieu des ruines, mon défi phonétique à l'être (comme le Paraître le fut pour Pyrrhon, le Non-Autre pour le Cusain, le Naître - après Sein und Schein - pour Nietzsche, l'Outre pour Bakounine, comme l'Autre pour Levinas ou le Neutre pour Blanchot). Les contraires logique (le Urteil de Hölderlin), spatial (le néant de Sartre) ou temporel (la Zeit de Heidegger) sont moins chauds et plus ternes. | | | | |
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| solitude | | | Pour t'enorgueillir de l'étendue de ton savoir ou t'enivrer de la profondeur de ton intelligence, la présence de l'Autre est nécessaire ; seule la hauteur de ton regard n'a besoin de personne, pour t'émouvoir. Toutefois, même ici, il se trouvent des nécessiteux, nostalgiques des foires : « L'Autre montre un visage, ouvre la dimension de la hauteur, c'est à dire déborde infiniment la mesure de la connaissance » - Levinas. | | | | |
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| solitude | | | Ce qui est embêtant avec l'écriture, c'est qu'elle crée l'illusion d'un chemin partant de mes ruines nihilistes, coupées du reste du monde, ou bien celle d'un édifice habitable au-dessus de mon souterrain déraciné ; mais peut-être ce ne sont que des métaphores : « Le chemin vers ces «lieux» sans chemins, sous-sol de nos lieux empiriques »** - Levinas. Le déracinement en profondeur fait pousser le nihilisme de hauteur. | | | | |
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| souffrance | | | La vraie souffrance est incompatible avec le bras levé et l'arène : le « souffrir est un pâtir pur » (Levinas). Elle devrait loger dans une haute tour d'ivoire aux souterrains profonds ; une fois hantée par le passéifié, elle se métamorphoserait en ruines futuristes. | | | | |
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| souffrance | | | Puisqu'il est clair, qu'aucun salut ne peut venir de nous-mêmes, nous nous accrochons aux miracles extérieurs, pour y trouver la place de nos deuils anticipés. Heureusement, le soi inconnu réside, lui aussi, hors de nous, et peut servir de point de mire de nos espérances. « Le mal de la souffrance n'est-il pas appel au secours de l'autre moi, dont l'extériorité promet le salut ? »** - Levinas. | | | | |
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| souffrance | | | Les tracas de mon soi connu se calment par la résignation, la fatalité ou l’ironie ; n’a besoin de consolation que mon soi inconnu. « La souffrance : l’appel au secours de l’autre moi, le gémissement d’une demande de consolation »* - Levinas. | | | | |
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| vérité | | | Le soi inconnu m'oriente vers l'éthique, l'esthétique et la mystique ; le soi connu ne maîtrise, seul, que le vrai. « La distinction radicale entre l'être extérieur, le vrai, et le sujet intérieur, susceptible d'illusions »** - Levinas. | | | | |
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| vérité | | | La nullité rationnelle de la logorrhée prosaïque sur l'être, chez Hegel, Sartre, Levinas, s'établit facilement, en soumettant leurs discours à l'épreuve par la négation : systématiquement le contraire de leurs formules a autant de (non-)sens que l'affirmative. Avec les poètes, ce test ne marche pas : aucun sens sérieux ne se dégage de la négation de Parmenide, de Nietzsche ou de Heidegger, et dont la valeur irrationnelle réside dans le langage, le ton et le talent. | | | | |
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| levinas e. | | | La vérité signifie l'adéquation entre la représentation et la réalité. | | | | |
| | vérité | | | Plus précis que St Augustin et G.B.Vico (la représentation -> l'intellect), mais y garder la réalité informalisable (la vérité étant toujours formelle) est aussi creux. La vérité réside entièrement dans la représentation, interrogée par un langage. La validation (que vous appelez vérité) de nos modèles est affaire d'intuition intellectuelle, hors de tout formalisme. Heidegger appelle le fond de cette validation - l'être, qu'il identifie avec la validation même : « Sein und Grund sind das Selbe ». | | | | |
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| levinas e. | | | Le langage s'interprète comme manifestation de la vérité. | | | | |
| | vérité | | | La vérité intéressante n'est pas un fait cachottier, que le langage déniche. La vérité potentielle, à l'origine, a la forme d'une hypothèse langagière, portant sur une représentation, et elle vient à se manifester grâce à un interprète logique (extra-langagier) de requêtes associées à ces hypothèses. Le langage n'a presque aucun contact direct avec la réalité ; il s'adresse à la représentation, ce dépositaire, cette base de vérités à démontrer. Les vérités-faits n'ont pas besoin de langage. | | | | |
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