Proust M.
 
 
 

action
Mes yeux servent soit à répertorier des choses vues, des ampleurs, des empreintes des paysages, soit à imprimer au monde mon regard, ma hauteur, mon climat, qu'il soit modéré, désertique ou junglesque. L'action ou le rêve, la voie dogmatique ou la voix sophistique. « Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux » - Proust - les yeux de l'autre soi, du soi inconnu, s'appellent regard.
climat,désert,étonnement,hauteur,inconnu,regard,rêve,soi

amour
Le siècle des robots s'ouvre par des sentences comme : « L'amour, c'est l'espace et le temps rendus sensibles » - Proust ; il sera définitivement mûr, c'est à dire totalement aseptique et insipide, quand on les prendra au sérieux.
ironie,robot

amour
L'amour est un plongeon dans la source du rêve, où vivote, d'ordinaire, notre soi inconnu ; avec le dessèchement du pays du rêve, entraînant une non-vitalité de l'amour, on ne reste qu'en compagnie de son soi connu, bien enraciné dans le terre-à-terre. « L'amour d'un être nous fait pénétrer dans une vie inconnue et faire bon marché du reste »** - Proust.
inconnu,rêve,soi

proust m.
Dans l'amour, il faut craindre le passé que, soudain, on apprenne à lire.
amour
Car il est le plus beau – illisible ! Aimer, c'est oublier les alphabets. L'amour n'a pas d'avenir, mais il peut se conjuguer au présent moins-que-parfait et subir le passé inconditionnel.
audace,beauté,doute,inconnu,temps

proust m.
Le désir fleurit, la possession flétrit toutes choses.
amour
Les diableries du progrès s'en mêlèrent. Des procédés de longue durée justifièrent le possédant ; le désir bien canalisé le long des épidermes se passe de fleurs et se contente de jus.
élan,maîtrise

art
L'un des auteurs les plus plébéiens est Proust : on remplace, chez lui, le mot duchesse par caissière, dîner - par beuverie, souffrance - par gueule de bois, pensée - par rigolade, et l'on peut laisser le reste en place, aussi cohérent que vulgaire. Le taux de goujats est le même dans les hôtels particuliers et dans les chaumières ; ce n'est pas la possession, mais la hantise ou la prière, qui adoubent l'aristocrate ; seul, dans son château en Espagne, ou invitant ses glorieux ancêtres, de sang ou de verbe, dans ses ruines. Ahurissant, le nombre et la qualité des dupes que ce cornichon emberlificota : « Proust : la qualité aristocratique de ses sensations » - Levinas.
bassesse,château,élite,noblesse,ruines,solitude

art
Faute de flamme intemporelle, d'intensité et d'air, ils n'exhibent que de minables objets, à leur minable lumière : « L'ardeur qui dure devient lumière » - Proust - l'ardeur qui dure est une fadeur. Une bonne flamme n'est qu'étincelle, elle devrait s'allumer dans le mot, s'éteindre dans la note, se refléter dans le marbre. Ne laisser ni la couleur, ni la froideur, ni le goût, ni la réalité des cendres. « Transmettre la flamme et non vénérer les cendres »** - G.Mahler - « Weitergabe des Feuers und nicht die Anbetung der Asche ». Pour ceux qui à la passion préfèrent la réflexion, l’inverse semble acceptable : « La cendre ne parvient qu'à me prouver la flamme » - Hugo.
amour,éléments,goût,intensité,mot,musique,ombre,réalité,temps

art
L'étrange surdité du goût chez ceux qui en ont pourtant une bonne vue : Platon préférant les généraux aux poètes, Nietzsche reconnaissant son devancier en Spinoza, Nabokov sélectionnant Robbe-Grillet, Valéry et ses faux modèles de Descartes et de Mallarmé, Cioran en admirateur de Saint-Simon ou Fitzgerald, G.Steiner voyant le plus grand génie du siècle en Proust (qui est pire que Saint-Simon, tout en pratiquant la même tonalité sirupeuse et nauséabonde).
gloire,goût,grandeur

art
Lorsqu'un incoercible ennui m'assomme à la lecture d'un Faulkner, d'un Priestley, d'un Joyce, je comprends, que l'esprit n'existe qu'en France, car leur homologue, Proust, s'en tire avec des bâillements nettement plus espacés. Dans leurs dialogues extérieurs comme monologues intérieurs, le mot est toujours de trop, il remplit des cases d'une grille mécanique. Que ce soit au niveau de la tête ou au niveau des pieds, que se produit le remplissage, le résultat est presque le même, dans la perspective de la hauteur. Idiomatisation de balivernes débouchant sur l'idiotisme.
auteur,continuité,discursif,ennui,france,intelligence,platitude,raison

art
Héraclite se serait moqué des dialogues socrato-platoniciens ; J.Joubert arrachait les pages discursives de tous les livres, y compris de ceux de son ami Chateaubriand ; Nietzsche riait des pâles chinoiseries kantiennes ; Valéry baillait sur les marquises de Proust ou sur les cinq heures de Bergson. La philosophie est une matière littéraire ; la littérature ne vaut que par son côté poétique ; la poésie est un hymne à la musique ; la musique est faite de métaphores mélodiques et rythmiques ; la métaphore verbale s'identifie avec la maxime.
maxime,métaphore,mot,musique,philosophie,poésie

art
Les photophores : « La littérature est une lampe du sacrifice, qui se consume pour éclairer » - Proust - ignorent, qu'un livre vaut surtout par la qualité de ses ombres et par leur fidélité à la seule source de lumière non-commune - son étoile. La lumière de salon, de place publique et même de laboratoire - tout quidam peut lui sacrifier son encre : sans belles ombres, la lumière n'est que grisaille, et l'encre - pâté.
élite,étoile,ironie,ombre,sacrifice,voix

art
Proust est sirupeux et écœurant, Nabokov est mélodieux et souriant ; des minauderies d’un fat et des polissonneries d’aristocrate, un snob parfumé et un agoraphobe confirmé – Nabokov se moquait de nous, en reconnaissant chez Proust une plume sœur. Le seul point commun - l’absence d’invectives – ne les rend nullement proches.
bassesse,mouton,musique,noblesse,proximité,révolte,style

art
Qu’on soit passablement intelligent, comme Balzac, ou résolument stupide, comme Proust, leurs tableaux des repus exhalent la même pestilence morale. Les grands mondes qui y sont peints ne reflètent que la petitesse des personnages insignifiants et abjects. Mais Hugo et Dickens s’apitoient sur les pauvres humiliés, au lieu de dénoncer la pauvreté humiliante. La vraie noblesse, comme la vraie honte, on ne les trouve que chez Cervantès et Dostoïevsky.
bassesse,honte,intelligence,misère,noblesse

art
Quelqu’un qui admire Proust n’a aucun droit de juger de l’intelligence ou de la noblesse, puisque, fatalement, il est un sot. Je regrette de l’appliquer à Nabokov, si séduisant dans son ironie et si primitif dans ses jugements de valeur. La Mort à Venise et le Docteur Jivago sont, pour lui, niais et répugnants ; c’est un goujat qui parle…
intelligence,ironie,noblesse,valoir

baudelaire ch.
Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol, au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
art
Les images d'épicier, les rimes d'instituteur, les pensées de fat – tout pour épater des proustiens ou maurrassiens, repus, sirupeux et huileux. D'après Pouchkine, l'archer, c'est Apollon. Sur le sol, les ailes du poète restent invisibles, ou ne font que cacher ses bosses. Partout est exilé le poète ; « Sur terre, l'étouffe la ceinture céleste ; au ciel - la ceinture terrestre »* - Kafka - « Will er nun auf die Erde, drosselt ihn das Halsband des Himmels, will er in den Himmel, jenes der Erde ». Aux yeux aquilins, flairant les souris cachottières, préfère le regard de chauve-souris, fuyant les nuées trop claires.
beauté,ennui,étoile,exil,flèche,gloire,idée,ombre,platitude,poésie

cité
L'extase, comme état d'esprit, devrait être réservée aux seuls gentlemen (et interdite aux moines, avocats ou journalistes). Il faudrait bannir de la scène publique l'exaltation de l'ampleur (Wagner), de la profondeur (Dostoïevsky), de la hauteur (Nietzsche) et bercer les hommes par l'apaisante platitude, ou la mélasse, des Proust, Chopin, Hegel, qu'on glisserait entre les agitations des stades, des Bourses ou des salles de débat des intellectuels parisiens.
enthousiasme,france,hauteur,platitude

doute
Les mystères sont universels et éternels, et les secrets sont individuels et passagers ; les secrets se dévoilent par le bon sens, et les mystères se chantent par l’art. D’où la bêtise de Proust, qui veut que l’art soit le seul révélateur de l’éternel secret de chacun.
art,danse,éternité,hommes,intelligence,mystère,universel,voix

hommes
L'un des premiers à introduire la sensibilité de robot, en Europe, fut Proust ; ce funeste travail fut d'autant plus profond et irréversible, qu'il revisitait et reformulait le contenu même de l'art ; par exemple, après l'écoute d'un morceau de musique, « Swann s'en représentait l'étendue, les groupements symétriques, la graphie » - je n'ai même pas envie d'étrangler un tel connaisseur, puisque je n'y vois que des roues dentées, dépourvues de tout attribut d'âme.
âme,art,auteur,musique,robot

hommes
On ne peut se manifester que par son soi connu et respectable, tandis que le soi inconnu ne peut susciter qu'une vénération presque aveugle. Dans un écrit, pour prouver la valeur de l'auteur, le mépris du soi connu apporte plus que son respect ; l'auteur ne vaut que par son regard vers le soi inconnu. Quand Freud ou Proust parlent de perte de l'estime de soi, qui serait signe d'une décadence définitive, ils visent le soi connu (même camouflé sous un soi inconscient), qui, même sans être haïssable, est banal et universel. Tant de vainqueurs arrogants, aujourd'hui, baignent dans une estime de soi, grégaire et basse.
amour,axe,bassesse,défaite,inconnu,mot,soi,temps,universel,valoir

hommes
Tous rêvent du legor, legar - on me lit, on me lira ; mais je me trompai avec le non legor, non legar ; les pires subissant le legor, non legar (ce que redoutent aussi les humbles : « Après ma mort, je serai lu pendant sept ans et ensuite - oublié » - Tchékhov - « После смерти меня будут читать семь лет, а потом забудут ») ; les meilleurs s'illusionnant sur le non legor, legar ; « je travaille pour celui qui viendra après » - Valéry. Le plus bête est Proust : « Le monde entier me lira ».
acquiescement,intelligence,mémoire,mort,temps

hommes
La barbarie littéraire a toujours existé en France, mais elle se gardait bien de se mesurer avec les talents qui n’y manquaient jamais. Depuis un siècle elle devint arrogante : la barbarie de la populace, avec F.Céline, et la barbarie des riches, avec Proust Les riches ayant adopté le goût de la populace, on eut droit, de nos jours, aux houellebecq. Mais je suis content que S.Tesson, à la mentalité des pauvres, appréciant leur humilité et crachant sur les riches, ait l’audimat au-dessus des imposteurs.
acquiescement,art,auteur,france,goût,misère,modernité,mouton

intelligence
Un savoir bien digéré ne produit que de viriles, ironiques et hautes métaphores. « Il ne faut pas attacher le sçavoir à l'âme, il l'y faut incorporer » - Montaigne. Baudelaire aurait pu être un Nietzsche français (tandis que Proust n'en avait aucune chance, n'ayant ni le talent ni la noblesse ni le savoir), si ses boutades étaient rehaussées d'un peu plus d'ironie distante ; celui-ci choisit le bien du Crucifié pour contrainte négative, tandis que celui-là se ridiculisa avec le beau à nier. Le français pousserait à prendre parti, ce qui expliquerait l'échec des tentations nietzschéennes de Valéry.
beauté,bien,défaite,france,hauteur,ironie,métaphore,pose,proximité,savoir

intelligence
Trois sortes de réel : le minéral, le vital, le social. Leurs contraires s'appellent mot, pensée, aristocratisme. Éviter de se servir du premier comme du support de ses émotions ; vénérer le mystère du deuxième, sans le réduire aux solutions du troisième ou aux problèmes du premier ; ne pas se frotter au troisième, qui est pourtant le seul à donner un sens à une écriture. Et ils n'entendent pas la chose de la même oreille : « exclus-en le réel » (Mallarmé, le premier sens) ; « s'immuniser contre le réel » (Proust, le deuxième) ; « l'âme outragée par le réel » (Chestov, le troisième) ; « le réel est nul » (Valéry, tous les trois).
âme,amour,art,cité,honte,idée,mot,mystère,noblesse,ouïe,…

intelligence
Tout cogniticien finit par admettre, que même l'existence, même celle de mon propre soi, peut être donnée non pas à titre de fait, mais comme résultat d'une déduction. La requête d'existence, comme toute proposition, aboutit soit aux faits soit aux virtualités. D'ailleurs, plus le moi est virtuel, plus il est riche et moins il a besoin de faits sans souffle des lois : « réels sans être actuels, idéaux sans être abstraits » - Proust. À propos, la dimension temporelle virtualise tout fait. Comme, d'ailleurs, l'artistique, où le créateur est comme les particules élémentaires, créant un champ du possible, plutôt que celui du nécessaire.
art,axe,être,misère,nécessité,ordre,question,réalité,temps,soi

intelligence
Sans l’intelligence, on se rattrape avec de la noblesse ; sans la noblesse, on peut compter sur le talent ; mais lorsque toutes ces trois qualités vous manquent, se moquer de l’une d’elles est pire que la goujaterie, la bassesse ou la bêtise. « Chaque jour j'attache moins de prix à l'intelligence » - Proust, puisque le prix de la minauderie, votre seule possession, est porté haut par les repus.
argent,bassesse,création,esprit,maîtrise,noblesse,style

ironie
On médite trop sur les rustres et les marchands et pas assez sur les châtelains ; si je compare le crétin salonnard (Proust) au crétin rural (Faulkner) ou au crétin bourgeois (Flaubert), je vois, que le premier est le plus irrécupérable pour l'intelligence.
argent,art,intelligence

ironie
La fouille aléatoire des concepts approximatifs est à l’origine des tristes catégories aristotéliciennes ou kantiennes. Mais il y a des penseurs qui s’en servent comme d’un étalon de sagesse : « L’usage que Flaubert a fait de certains pronoms a renouvelé presque autant notre vision des choses que Kant, avec ses Catégories » - Proust.
concept,intelligence,jeu,langue

ironie
Même si en galimatias lourds, Proust doit céder à Hegel la palme, en galimatias légers, il trône sans partage. Pesez ces sagesses (l’une d’elles est mon pastiche) : l'image d'un certain instant n'est que le souvenir d'un certain regret ou le souvenir d'une certaine image n'est que le regret d'un certain instant.
balance,mémoire

ironie
De la métaphysique proustienne, légèrement parodiée : Chaque personne qui nous rend heureux peut être détachée par nous d’un humain, dont elle n’est qu’une source entière, humain dont le désintérêt nous donne plus tard du chagrin au lieu de la béatitude que nous avions. Tant d’admirateurs académiques autour de ces fulgurances !
bonheur,école,ennui,intelligence,philosophie

ironie
Je vis tant de ploucs admiratifs devant le Port-Royal, Saint-Simon, Proust ; je ne vis jamais un homme intelligent se permettre la même niaiserie.
auteur,intelligence

ironie
L’adage primitif sur l’insignifiance des extrêmes trouve, pourtant, une confirmation convaincante dans la comparaison du langage populacier de F.Céline avec le langage des riches (appliqué aux réflexions et émotions, qu’un garagiste partagerait avec une duchesse) de Proust.
intelligence,langue,maxime,misère,sentiment,style

mot
Le langage, en mode routinier, n'est qu'un code d'accès, et très rarement, en mode-rupture, - une courroie de création. L'esprit possède et les langages et les modèles, et le premier critère de sa qualité est le contenu de ses modèles, auxquels renvoie un langage. C'est une question de goût et d'intelligence - avec quoi peupler ses modèles dynamiques : avec des fantômes ou avec des bases de connaissances, avec des déductions ou avec des faits. Le sot croit « créer en nommant » (Proust), l'artiste nomme en créant.
création,élite,esprit,goût,intelligence,langue,représentation,rêve,savoir

noblesse
Mon terme de mufle ne s'attache guère aux titres. Tous ces comtes de Villiers de l'Isle-Adam ou de Proust (baron de Charlus ou princesse Sherbatoff) sont de parfaits mufles, mais je ne confonds pas comte Tolstoï (prince Bolkonsky) d'avec comte de Lautréamont.
auteur,bassesse,grandeur

noblesse
Je suis absent du fond diurne, cohérent, profond et consensuel, des tableaux du monde, mais je ne peux pas échapper à leurs cadres, communs et reproductibles, j'y suis réduit tantôt au polissage de truismes et tantôt au tissage de paradoxes sachant, que « les paradoxes d'aujourd'hui sont les préjugés de demain » - Proust.
auteur,paradoxe,retour,sentiment,temps

proust m.
La réalité n'est jamais qu'une amorce à un inconnu, sur la voie duquel nous ne pouvons aller bien loin.
proximité
Car nous ne touchons à la réalité que par un modèle fini. Ceux-ci sont innombrables, donc celle-là n'est que perfection.
chemin,doute,réalité,représentation

russie
Les personnages au goût le plus détestable : en Russie - les âpres (les Eurasiens ou les théologiens), en France - les sirupeux (Proust, Guitry, Sollers), en Allemagne - les insipides (Hegel, Husserl). Les meilleurs : en Russie - les tourmentés, en France - les placides, en Allemagne - les illuminés.
allemagne,france,hommes,ironie,souffrance

russie
Lorsque je parcours les romans-fleuves de Balzac, Zola, Proust, Joyce, je pense aux romans-sources de Dostoïevsky et/ou romans-deltas de Tolstoï.
art,auteur,commencement,europe

russie
Le Russe veut tout évaluer à l'aune de l'âme, le Français ramène la valeur de l'homme à l'esprit. Mais je ne comprendrai jamais, pourquoi le Russe admire l'escroc, le voyou, le parvenu, si peu respectueux de l'âme, ni pourquoi le Français porte aux nues Proust, Céline ou Houellebecq, si manifestement dépourvus de tout esprit.
âme,esprit,france

solitude
Apprends, dans ta solitude, à recréer la foule pour envisager la fuite. Proust aimait dans la solitude même la fuite devant soi.
exil,mouton,soi

solitude
Les deux races réussies, les robots et les moutons, triomphent de la vie, en s'arrachant à la solitude. Seuls l'amour et l'art en font un compagnon d'infortune : « L'art, c'est l'apothéose de la solitude » - Proust - et l'amour en fait vivre simultanément l'apothéose et les affres.
amour,art,défaite,ironie,mouton,robot,souffrance,vie

souffrance
Il suffit d’être intelligent et un brin sensible, pour qu’une réelle souffrance vous envahisse, à n’importe quel moment de l’existence. Le repu, lui, « attend une souffrance pour travailler » - Proust - ces souffrances - stomacales, administratives ou donjuanesques - se cultivent en dîners en ville, où l'on gave ses peines de cœur.
âme,bassesse,cœur,intelligence,sentiment

proust m.
Les œuvres montent d'autant plus haut, que la souffrance a plus profondément creusé le cœur.
souffrance
Le principe du puits artésien est d'autant plus juste, que la création est du jaillissement, et la souffrance a pour fonction de nous détacher de la platitude et de nous rappeler la présence des profondeurs.
cœur,création,hauteur,platitude

proust m.
Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus.
souffrance
La coquetterie moderne consiste à déclarer la vie un enfer, parce qu'on a déjà tout trouvé. Est paradis ce qui fait naître le désir ; désirer, c'est chercher ; l'art d'une vraie recherche est dans la volonté de lâcher prise, de perdre - perdre la certitude, l'innocence, l'équilibre.
bonheur,commencement,défaite,élan,ordre,vie

vérité
À ses débuts, intellectuels ou littéraires, on se laisse charmer, circonvenir et berner par des preuves, développements, justifications ; mais un jour on comprend, que l'art démonstratif est des plus insignifiants, accessible à n'importe qui et frôlant un laborieux remplissage ou un mécanique pliage, et que tout bon écrit, bien enveloppé, se réduit à quelques métaphores, que les explicitations profanent. Mais de doctes cornichons continueront à professer, tel Proust : « Le style ne suggère pas, ne reflète pas, il explique » - ni suggestif, ni réflexif, ce style ne peut être que vomitif.
art,discursif,maxime,métaphore,robot

vérité
Qui devine où mène et que cèle la vérité ? - le mathématicien, le cocu, le commissaire de police, certainement pas un romancier. « J'ai trouvé probe et délicat de ne pas annoncer que je partais à la recherche de la Vérité, ni en quoi elle consistait » - Proust – la probité des imbéciles est leur délicatesse ; quant à leurs trouvailles, avec l'annonce on rirait de meilleur cœur.
intelligence,ironie,science

vérité
La recherche proustienne de la Vérité est de la suavité de caisse enregistreuse, et elle n’est, évidemment, que du temps perdu. L'artiste ne cherche que le mot en fleurs ; et si, par hasard, dans leur bouquet ou dans leurs racines, se glissait une vérité, toujours végétative, sans promesse d'ombres, elle ferait partie des effets collatéraux.
art,mot,ombre

proust m.
La vérité ne commencera qu’au moment où l’écrivain posera le rapport des deux objets différents, dans le monde de l'art et dans celui de la science, et les enfermera dans une métaphore.
vérité
Comment l'auteur de telles âneries peut-il passer pour l'un des plus grands ! - énigme du goût des Français moyens… Réduire le beau au vrai est la misère ou l'ennui des non-artistes, mais réduire le vrai au beau, sans maîtriser ni le vrai ni le beau, relève d'une imbécillité incurable.
art,beauté,concept,ennui,france,intelligence,maîtrise,métaphore,platitude,science
Proust M.